À droite rue D’Orsel, à quelques pas du premier, il y en a un grand, je n’y suis jamais entrée. Ma mère préfère le premier : Celui de l’angle est un vrai piège à touristes qui affiche des prix aberrants, en plus la moitié des produits se trouve en sous-sol et l’ascenseur est toujours en panne, avait dit ma mère; il lui fallait des ampoules, celles de sa chambre venaient de sauter pour la troisième fois ; elle commençait à montrer des signes de fébrilité augurant de ses crises : Compte tenu de l’heure, tu iras dans le grand, avait dit ma mère en articulant excessivement, sa lèvre supérieure tremblait: si tu peux aussi m’acheter deux bananes et une boite pour le chat; un peu de salive glissa le long de son cou.
Le supermarché ouvrait 7J/7 jusqu’à 1 heure de la nuit c’était écrit sur la vitrine; une trappe grand ouverte interdisait l’entrée principale, trois corps alignés épaules contre épaules auraient pu s’y glisser; un homme à oreillette, le fil torsadé barrait sa joue, m’invita à passer par l’entrée du personnel : une porte métallique blindée à ouverture horizontale; j’entrai dans une pièce pleine de cartons, des tours et des tours, empilés par taille ; sur la gauche un mur de lamelles plastique séparait le magasin du local de stockage, je devinais des ombres blanches; les lamelles s’entre-frottèrent avec un bruit de zip, du côté du magasin des haut -parleurs discrètement parfumés diffusaient une réclame musicale ; la lumière très blanche aplatissait le couleurs, les paillettes des guirlandes publicitaires semblaient exsangues. Les rayonnages garnis de haut en bas débordaient cependant les allées étaient vides et il faisait un froid de glacière.
Le plus souvent on trouve les produits d’entretien et la petite quincaillerie au fond des magasins avec les packs d’eau; les fruits et les légumes plutôt près de l’entrée : où était l’entrée principale ?
De l’autre côté de la vitrine la rue était noire traversée de lueurs intermittentes; une voiture garée en double file clignotait : L’ électrique c’est au deuxième sous-sol à côté des dortoirs, si vous pouvez marcher sur la pointe des pieds ? pour l’animalerie ce sera quelques marches plus bas sur votre droite, attention la dernière est glissante, on doit réajuster la turbine du tuyau d’huile alimentaire mais le réparateur s’est cassé un orteil hier ; prenez l’escalier, l’ascenseur vient de tomber en panne. La femme en blouse labellisée pointait le bout de l’allée, un soupçon d’odeur brûlée accompagnait les aigües de sa voix : ma non troppo .
5 commentaires à propos de “#anthologie #23 | quatre ampoules, deux bananes et une boîte pour le chat”
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Non désolée . Merci François
Je ne suis pas certaine que j’aurai osé y aller faire des courses ! Bises.
quelle drôle de boutique ! tu nous donnes le frisson
je suis comme Clarence, pas sûre que je sois rentrée là dedans et encore moins tenté d’aller au rayon Électricité ou à l’animalerie !!
Clarence, Françoise c’est pas ça que j’aurais voulu écrire et c’est la seule entrée trouvée hier . Vais tenter autre chose. Merci de vos retour. Je n’arrive pas à trouver le temps de lire mais vais me rattraper . Merci de vos retours .