#anthologie #23 | les limbes de la bibliothèque

La bibliothèque de Bordeaux est un grand vaisseau en verre de quatre étages. L’architecture de ce bâtiment des années quatre-vingt n’est pas exceptionnelle, pourtant le lieu est exceptionnel. On y découvre des trésors de la littérature, poésie, films, musique, jeux et des livres sur des tas de thématiques.

Et plus bas ? Plus bas on y trouve le premier sous-sol, celui des livres stockés en réserve. Toujours triste, quand je cherche le titre d’un.e écrivain.e et de constater sur l’ordinateur “en réserve”. 

Plus bas, on trouve un petit appartement impeccablement rangé, couvert d’étagères remplies de livres. Une ancienne bibliothécaire vit ici. Elle sauve les livres menacés du pilon. Sa famille l’a déclarée disparue. Elle, elle vit là heureuse, la nuit elle erre dans les étages déserts de la bibliothèque. 

Plus bas, tout un système de tuyaux, de milliers de fils électriques, ventilateurs géants, d’escaliers de service, de la machinerie de l’ascenceur, monstres métalliques pour assurer le chauffage et la climatisation de la bibliothèque. Le gros point noir de ce bâtiment entièrement vitré.

Plus bas, un petit morceau des 3 000 kilomètres de tuyau d’assainissement qui alimente la ville.

Plus bas, dans des vestiges romains, des enfants ont trouvé l’accès et ont construit des cabanes. Y viennent surtout l’été ; l’hiver et au printemps les cavités sont gorgées d’eau. Rire, jeux, lecture, parole, chant, musique telles sont leurs activités.

Plus bas, des cavités formées par l’action des eaux souterraines sur la roche. Le sous-sol de Bordeaux est parsemé de trous et certains monuments et bâtiments de la ville fragilisés. Dans les cavités, tout un monde de chauve-souris.

Plus bas, des couches de calcaire, d’argile et de sable.

Plus bas, toute une faune de ce monde souterrain, des vers de terre, des mulots. Je m’aide d’internet pour aller plus loin, et découvre l’existence d’une microfaune, mésofaune, macrofaune, mégafaune.

Plus bas, encore plus bas, dans les limbes, un fleuve, sur le fleuve un port avec ses gros cargos marchands, des péniches, des grues pour charger et décharger les bateaux. Des petits trains pour le transport des marchandises. Et des femmes, rien que des femmes invisibles pour s’occuper de toutes ses activités sur le port.

A propos de Isabelle Vauquois

Vit à Mérignac, à deux pas de Bordeaux. Souvent sur les routes du Périgord dans des Sites aux paysages remarquables pour le travail. Depuis 2018, découvre l’écriture avec les ateliers de Claire Lecoeur. Première expérience Tiers livre en 2023 avec "le Grand carnet". Deuxième, cet atelier d'été 2024. Plus j'apprends à écrire, plus j'apprends à lire ! .

4 commentaires à propos de “#anthologie #23 | les limbes de la bibliothèque”

  1. Plus bas, on trouve un petit appartement impeccablement rangé, couvert d’étagères remplies de livres. Une ancienne bibliothécaire vit ici. Elle sauve les livres menacés du pilon. Sa famille l’a déclarée disparue. Elle, elle vit là heureuse, la nuit elle erre dans les étages déserts de la bibliothèque.

    J’aime beaucoup votre texte Isabelle, merci et bon dimanche.

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