Quand tu arrives (arrivais faudrait-il dire) à la Bérarde par la route, après avoir passé le pont sur le torrent des Étançons, ce n’est pas beau. Murs gris de ciment, de moellons .Toits de tôles ondulées, pancartes de snack, gîte, hôtel. La mecque de l’alpinisme a l’allure rude de ces hameaux où la neige fond tardivement. C’est un bout du monde à 1700 m d’altitude. Il y pousse encore des arbres, plus rien n’est cultivé. Tu n’as qu’une envie : monter pour échapper à l’encerclement de ces aiguilles de pierre et de glace.
Monte tout droit le long du torrent des étançons. C’est dur, pierreux, tu peux encore le faire. Il n’y a presque plus rien qui pousse à part des buissons ras qui s’accrochent aux pierres. Un oiseau de loin en loin qui va de bloc de pierre en bloc de pierre. Courage tu seras bientôt au refuge. 500 m de dénivelé et 2 h 30 disait le guide.
Refuge du Chatelleret 2300 m. Il n’y a que des pierres, la pelouse rase et la neige sale. C’est encore assez bas pour qu’on y monte en famille et même avec des chiens qui font siffler les marmottes.
Refuge du promontoire 3000 m. Si tu as le vertige, ne viens pas. C’est un nid d’aigle accroché au rocher. Si tu manques de courage, tu peux venir par le téléphérique de la grave. Le deuxième tronçon monte à 3000 m. Ensuite tu viens à pied. La vue est exceptionnelle. Le parc des Écrins y propose des résidences d’une semaine aux photographes qui ont le pied montagnard.
Du refuge du promontoire, tu as la vue exceptionnelle sur le vallon des étançons. Celui par lequel 300 000 m3 de pierre sont descendus avec l’eau du torrent.
Le sommet de la Meige 3800 m tu es arrivé. Tu peux redescendre par l’autre côté par le refuge de l’aigle, une sorte de cabane accrochée ay sommet d’un rocher, mais attention rien que d’y accéder demande des compétences, c’est déjà de l’alpinisme. Les guides te le font payer.
Fais un tour par la ZAD qui s’est établie sur le piton où devrait s’accrocher le pylône du troisième tronçon du téléphérique de la Grave.
Les glaciers fondent, les orages torrentiels déstabilisent leurs moraines, la montagne descend par blocs de plusieurs tonnes. Nous montons toujours. Comme montaient nos très lointains ancêtres dont on retrouve les restes quand fondent les glaciers.