Ma chambre était au cinquième étage, dans un appartement de cinq pièces cuisine. Plus bas se trouvait le même appartement, et je sais que c’était la chambre d’une fille plus jeune que moi, je crois qu’elle s’appelait Martine ( je me souviens l’avoir accompagnée une fois au cinéma voir Autant en emporte le vent), mais je ne suis jamais entrée dans sa chambre. Encore plus bas était la chambre de deux garçons je crois, encore en-dessous je ,ne sais pas, encore plus bas, je n’ai aucun souvenir des gens qui vivaient là, plus bas ceux du rez-de-chaussée, je crois me souvenir qu’il y avait une fille plus âgée qui devait occuper le même espace que moi. Je ne suis jamais allée dans les autres appartements, en-dessous du mien. Chacun chez soi disaient mes parents. Plus bas que le rez-de-chaussée se trouvaient les caves individuelles, fermées à clé, avec un numéro sur chaque porte, donc pour chaque propriétaire. Lorsqu’il a fallu vider l’appartement, il a fallu aussi vider la cave qui avait été squattée par je ne sais qui et qui était remplie de cartons, d’un gros nounours en peluche assez hideux et de corniches en polystyrène; il a fallu tout sortir et abandonner dans le local commun aux résidents de l’immeuble, et installer un cadenas sur la porte de la cave pour ne pas avoir à renouveler ce travail. Le local des caves était assez propre. Encore dessous que l’on rejoignait par un escalier en béton, le sous-sol des garages, auquel l’ascenseur n’arrivait pas; il fallait pousser une porte lourde qui se refermait derrière soi violemment et était dépourvue de poignée. Là, le long tunnel qui longeait les neuf immeubles de trois allées chacun, où s’organisaient les garages de chaque côté, avec les vapeurs d’essence diffusées, le son qui résonnait, où l’on faisait aussi des rencontres, plus ou moins agréables. Plus en dessous encore qu’aurait-on pu trouver sinon une terre charbonneuse, puisque deux terrils faisaient office de montagnes derrière les immeubles. Pas de galeries de mines, à cet endroit, sinon je suppose que de tels immeubles n’auraient pu être construits. Mais ailleurs dans ce quartier, c’est le charbon qui s’extrayait, dans une autre époque. Aujourd’hui, il ne reste plus que le musée de la mine pour garder mémoire de cette vie, où il y avait des hommes qui descendaient plus bas que terre.