Comme un vortex entrainé se laisser partir changer d’état changer d’étage conjurer notre ignorance parce que là en dessous d’autres savoirs ; entre les lames de parquet mon œil est aspiré il est devenu corps tout entier une matière malléable qui saurait voyager traverser le temps la logique de l’espace, les murs se dissolvent le paysage ne s’attrape pas du regard un instantané d’univers juxtaposés feuilletés indéfiniment par une main invisible,
Juste en dessous une forêt pas ordinaire d’une hauteur vertigineuse des arbres sculptés dans du verre chaque feuille, vibrante, sous une brise inexistante en une mélodie cristalline que les cliquetis de coccinelles battent en mesures sur un rythme inconnu,
le sol jonché de galets polychrome change de couleur à chaque pas, suivent les trainées lumineuses des cerfs aux bois en filigrane d’argent, des comètes silencieuses,
Une cabane perchée sur un arbre flotte à la fois proche et infiniment lointaine un soupir entre l’enfance et la vieillesse,
le monde disparaît englouti par sa transparence, un vertige,
sous la mer une trappe s’ouvre sur une ville familière mais tordue courbée par des lois physiques inconnues ; les immeubles faits de papier mâché se balancent de leur propre énergie, une mosaïque de rues, des rubans tressés en labyrinthes mouvants,
plusieurs visages par corps se superposent, identités changeantes de vies multiples et leurs voitures volent à quelques centimètres d’un sol qui se dissout en un mouvement lent et mesuré un film au ralenti,
sous la ville la vague figée a perdu l’océan, des poissons à l’intérieur avancent par-à-coups comme au rythme d’une horloge détraquée,
par-dessus-dessous le ciel aspire ce qui le regarde, il aspire des iles flottantes de blancs en neige d’où pendent des cascades de navires aux voilent dorées qui ne laissent pas de trace comme nos souvenirs qui glissent à travers nos doigts,
sans dessus-dessous, une étrange précision à première vue un banal appartement une tasse de thé encore fumante une empreinte de lèvres rouge-sang, un journal ouvert des titres d’événements qui jamais n’ont eu lieu, un fauteuil un chat oscillant de son ronronnement d’échos lointains il regarde les murs tapissés de photographies dont les visages changent subtilement à chaque clignement,
s’ouvre un espace infini ni sol ni mur des fragments de réalités esquisses abandonnées par un fantôme, un escalier des portes ouvertes sur un néant étoilé de livres tournant sur eux-mêmes, leurs pages s’écrivant et se réécrivant à l’infini.