Parfois, Blaise s’imaginait que si ce jour-là, le bateau n’était pas rentré au port, s’il n’avait pas fallu tout ranger avant de rentrer au port, le câble ne se serait pas tendu, l’accident n’aurait pas eu lieu. Il s’imaginait qu’il aurait toujours sa main. Il s’imaginait que le bateau aurait pu continuer à pêcher, à naviguer droit devant, sans jamais faire demi-tour, sans jamais revenir dans aucun port où il était déjà allé, jamais revenir sur son sillage. Il s’imaginait qu’ils auraient découvert à chaque fois un nouveau port, un port immense avec des quais dont on ne voit pas la fin, couverts d’usines noires, de silos, de tuyaux, de petits bâtiments et de grands bâtiments, reliés par des tapis roulants, de la fumée, de la poussière, du bruit, des odeurs chaudes de graisses, de métal, de poussière, des odeurs à vous faire pleurer, à vous arracher les poumons par la force de la toux, des quais avec d’un côté des bateaux qui arrivent, qui déchargent et repartent et de l’autre côté des bateaux qui arrivent, qui se chargent et repartent, des bateaux qui ne se croissent jamais. Il s’imaginait qu’ils auraient découvert des ports confidentiels qu’on ne découvre qu’après avoir cherché, erré, navigué plusieurs jours dans un dédale d’îles, entre des falaises sombres, des récifs acérés, suivi de rivières calmes entre des rives boisées, si calmes qu’ils n’auraient pas su dire dans quel sens elles allaient, des rivières sans courant. Il s’imaginait qu’ils auraient découvert des îles qu’on voit de loin, plusieurs jours à l’avance, d’abord un nuage blanc et puis quelques oiseaux, enfin une silhouette, un vague trait sur la mer, qui s’épaissit doucement, une douce odeur de terre, une île sans aucun port, juste des plages de sable blanc avec des cocotiers, ou des plages de sable noir en dessous du volcan et on tournerait autour pour s’abriter des vents suivant leur direction. Il s’imaginait qu’ils auraient découvert des ports avec des gens qui vous accueillerait sans papiers à remplir, vous feraient découvrir l’endroit, sa musique, sa cuisine et puis les meilleurs coins pour les levers de soleil. Parfois, il s’imaginait que le câble ne se serait pas tendu, que l’accident n’aurait pas eu lieu. Il s’imaginait qu’il aurait toujours sa main et que sa vie serrait celle d’un marin de Stevenson.
Juliette, la 23 ! Mais comment veux-tu que je me souvienne de la consigne 😉 Je retrouve donc Blaise avec plaisir et tout ce qu’il s’imagine, merci pour ton univers de bateau, d’îles et de ports. J’espère que tu vas bien et je t’embrasse.
Pas grave la consigne, une fois l’idée du texte venue, elle s’efface aussitôt 😉
Mais les petits mots restent, alors merci de m’avoir accompagnée dans cette balade (je crois que c’était plus ou moins ça la consigne, balade imaginaire …)
J’espère également que tu vas bien, pas beaucoup de lecture en ce moment, manuscrit sur le gaz et en plus, je m’accroche à l’espoir d’atteindre la 40 et lui consacre tout (trop ?) le temps qui reste.
Embrassade réciproque, et Blaise me charge de te saluer 😉
Je n’ai pas compris la consigne 🙂 je pensais qu’il fallait partir dans des mondes souterrains et nous voilà en mer.
Alors moi aussi je vais partir vers l’imaginaire à la manière de Blaise. Merci pour le voyage !
Oui, j’avais aussi compris souterrain, mais pour un marin, ça colle pas trop, alors j’ai laissé tomber un petit morceau de la consigne 😉
Et grand merci pour ton passage