Lorsqu’elle va en vacances chez ses parents, elle aime se baigner au large, loin de l’activité débordante de la plage, loin de la musique crachée par les radios et les enceintes des vacanciers, loin des éclats de voix joyeux ou agressifs, loin des conversations futiles, loin des cris des mouettes, loin des rires des enfants. Fuir ! là-bas fuir ! Elle se fait déposer en zodiaque loin des côtes et d’abord elle nage en surface, elle s’adonne au crawl, à la brasse, au dos crawlé mais très vite elle ressent le besoin de plonger la tête la première et de rentrer toute entière, dans la mer. Elle aime évoluer au milieu des poissons, des tortues, des dauphins, des phytoplanctons, des zooplanctons, des récifs coralliens. Dans cette zone dite Epipélagique qui s’étend jusqu’à 200m la lumière est suffisante pour que la photosynthèse se produise (elle se souvient bien de son cours de géo). Parfois elle s’aventure encore plus profond, elle s’en rend compte car la lumière diminue, il fait de plus en plus sombre et la température de l’eau commence à baisser. A partir de là, ce sont les organismes bioluminescents qui l’accompagnent, ceux qui créent leur propre lumière pour attirer leurs proies, les poissons lanternes, les méduses et les calmars, elle aime évoluer dans cette zone comprise entre 200-1000 m, la zone Mésopélagique celle que certains appellent « La Zone du crépuscule ». Aujourd’hui elle est pleine d’envie et d’énergie, elle continue sa descente, elle atteint la zone Bathypélagique entre 1000-4000 m, il n’y a plus du tout de lumière, il y fait très froid et la pression y est extrêmement élevée. Elle n’a pas du tout peur bien au contraire car elle a rendez-vous avec la Loutène : ce petit calmar rigolo avec ces deux larges vésicules photosensibles derrière les yeux. Après avoir jouer avec quelques uns de ces poissons abyssaux et différents invertébrés comme des crevettes ou des méduses, elle poursuit sa descente. Elle arrive dans la Zone Abyssopélagique entre 4000-6000m, là, l’obscurité est vraiment totale, les températures sont proches de 0°C et les pressions sont écrasantes pourtant elle croise encore quelques poissons abyssaux, des concombres de mer, des étoiles de mer et d’autres créatures qu’elle ne connaît pas mais qui semblent bien adaptées à ces conditions extrêmes. Elle est galvanisée par ce voyage, elle continue sa progression vers les profondeurs. Plus bas ! toujours plus bas ! Et, elle arrive… dans la zone Hadopélagique 6000m-à l’infini, c’est ici que les fosses océaniques sont les plus profondes, les pressions les plus fortes et les températures les plus glaciales, ce n’est pas pour rien qu’on lui a donné un nom dérivé du domaine de l’Hadès, monde souterrain associé à l’enfer. Elle y est, elle y est, elle y est bien, elle danse, elle danse, elle danse.
2 commentaires à propos de “#anthologie #23 | jusqu’à la zone hadopélagique”
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On n’est pas loin du centre de la terre ! Merci pour cette plongée…
Très belle approche de la contrainte, merci