J’ai suivi la piste des cafards derrière le tiroir de la cuisine, celui où on remise les objets qu’on ne sait pas mettre ailleurs, la lampe de poches, les gros élastiques, une fève en porcelaine en forme de roi mage, des bougies d’anniversaire ou les piles 1,5 V.
Plus bas, en descendant le long des tuyaux d’eau chaude, on arriverait tout droit au soupirail à la cave 17. On distinguerait posé à l’envers sur des cartons, un vélo de course en carbone dont les pneus sont dégonflés, un mini frigo et trois valises noire, jaune et bleu.
Plus bas, on entrerait dans le poudingue, un conglomérat de sable et de galets caractéristique de Nice. On remarquerait de beaux galets jaune d’or de la taille d’un œuf et des crânes humains d’un gris doux. On entendrait gronder le Var souterrain, chargé d’alluvions.
Plus bas, on atteindrait les nappes aquifères. Des poissons d’un blanc laiteux glisseraient dans le courant.
Plus bas, des bambous, têtes en bas, formeraient une forêt inversée.
Plus bas, les débris tombés de la forêt seraient concassés et compressés en une mélasse poisseuse et chaude.
Plus bas, une dalle de marbre veinée de rose marquerait l’entrée d’un nouveau monde.
