#anthologie #22 | quai des Queyries avant, après

Quand je suis arrivée à Bordeaux au début des années quatre-vingt-dix, le bord de la Garonne rive droite était pratiquement inaccessible. D’ailleurs des Bordelais des quartiers chics pour parler de la rive droite parlaient encore de “l’autre côté de l’eau”. Pour cause, le quartier de la Bastide a longtemps été industriel, ouvrier, populaire, rejeté, il n’est d’ailleurs relié à la ville par le pont de Pierre qu’en 1821 et annexé à Bordeaux en 1865. Le jour où j’ai tenté l’exploration de la Garonne sur cette rive, grosse déception. Le bord du fleuve était inaccessible. Privatisé par des entreprises, hangars qui en barraient l’accès. Je me souviens avoir emprunté un petit chemin qui conduisait à la Garonne. L’endroit n’était pas très pittoresque sur ma droite et ma gauche des hangars plus ou moins vétustes. Aujourd’hui, sans doute, je l’aurais trouvé séduisant avec son caractère industriel.

Depuis la situation a bien changé. Sur cette rive droite, les hangars ont disparu, des sentiers et de vastes prairies ont été aménagés. Là on y côtoie des familles, des groupes d’ami.es qui pique-niquent, des enfants qui courent ou jouent au ballon. D’autres personnes chantent, dansent, lisent ou pratiquent le yoga, le thaïe-chi, méditent. L’accès est facilité par le tram qui traverse le Pont de pierre. Pour rejoindre ces espaces, on descend à la station Stalingrad, on laisse sur sa droite le lion bleu, une sculpture grand format en résine faisant face au fleuve. Une œuvre ne laissant pas indifférent, personnellement j’aime. L’espace aménagé est à cinq minutes à pied. A proximité, on y trouve un bateau-bus qui traverse la Garonne, un buste de statue de Toussaint Louverture, l’accès au jardin botanique, la place des Droits de l’enfant, une piste cyclable, une station de vélo en libre service, une station de bus, des escaliers-bancs. Des immeubles construits perpendiculairement au fleuve, le quartier est autant recherché qu’il était autrefois méprisé. Un peu plus loin des terrains de volley et le parc des Angéliques. Du nom de l’angélique des Estuaires une espèce protégée et menacée localisée dans les seuls estuaires de la Loire, de la Charente, de la Gironde et de l’Adour.

A propos de Isabelle Vauquois

Vit à Mérignac, à deux pas de Bordeaux. Souvent sur les routes du Périgord dans des Sites aux paysages remarquables pour le travail. Depuis 2018, découvre l’écriture avec les ateliers de Claire Lecoeur. Première expérience Tiers livre en 2023 avec "le Grand carnet". Deuxième, cet atelier d'été 2024. Plus j'apprends à écrire, plus j'apprends à lire ! .

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