# anthologie # 22 | Gradoli

Qui* va raconter les rues Gradoli, Montenevoso (c’est à Milan), Forte Trionfale, Montalcini  ? Peut-être s’abstenir de la Forte Trionfale (c’est là, au troisième étage, dans un appartement assez semblable à la base prison du peuple, qu’Eléonora attend, s’active, tente de croire encore aux miracles – à poursuivre) (ce matin-là, c’est la dernière fois que lui et son escorte l’emprunteront – le matin même, vers six heures (il n’a pas dormi de la nuit) au volant de la petite Fiat blanche immatriculée en corps diplomatique, Mario aura vu les deux voitures stationner là, en bas, dans la courette). Eux appelaient ça des bases. Le plus souvent, des appartements loués. Le plus souvent ? Celui de la rue Gradoli a été découvert vers treize ou quatorze heures, le dix-huit avril. Il faudra trouver le numéro : peut-être l’étage (96, 3°). C’est une espèce de voie privée, tenue par une barrière, les voitures n’y circulent que pour s’y garer ou s’en aller. Ce matin, c’est un mardi vers six heures trente, on a vu (ou pas) sortir le couple, un homme et une femme, jeunes, vêtus correctement comme un couple qui s’en va travailler tôt, tôt car l’avenir appartient à ce monde-là. lui s’est dirigé vers le centre, elle vers l’arrêt de bus, dans l’autre direction. Il se peut qu’ils se soient embrassés, mais ce n’est pas tellement le genre non plus – pour donner le change – pour ce qui les unit Vers neuf heures du matin, la femme qui vit en dessous s’est rendu compte d’une fuite d’eau, le plafond de sa salle de bain trempé et elle a appelé un plombier. En urgence, celui-ci arrive, ils montent frappent à la porte : pas de réponse. Frappent à nouveau, rien, appellent la police. Les carabiniers immédiatement sur place défoncent la porte. On se dirige vers la salle de bain, à droite : il n’y a personne, l’appartement est vide. Dans la salle de bain, la douche est ouverte et le jet se projette sur le coin du mur en faïence en mauvais état, dégradé détrempé, il y a un des carabiniers qui ferme le robinet d’eau (détruisant ici encore une piste de preuve possible). Le tuyau de douche est dit-on coincé par un balai pour que, justement l’eau puisse pénétrer dans le mur, descendre, couler, imbiber, tremper, puis lentement détruire le revêtement et provoquer ce dégât comme on dit – l’assurance s’acquittera sans doute de ses devoirs. La police cherche alors, trouve des armes, des documents, des vêtements, des preuves matérielles.
Le dix-huit mars, soit un mois avant, la police elle-même était passée sur ce pallier. Sans doute sur dénonciation. Ils avaient frappé à la porte : ils avaient dans l’idée qu’il pourrait s’agir d’une des caches possibles, parce qu’ils avaient toutes les pistes possibles à suivre. Des milliers, certes. Ils savaient trouver sans doute quelque chose : rien. Ils frappent à nouveau à la porte : rien. Et eux : rien non plus. Ils s’en vont.
Vers la fin du mois de mars, Eleonora dira à Cossiga (ministre de l’intérieur, assez en cour avec l’agence centrale de renseignements – étazuniens – en la personne d’un certain Steve Pieczenik) de faire des recherches dans une rue Gradoli, à Rome : le ministre rétorquera « cette rue n’existe pas à Rome ». Le livre est titré We killed Aldo Moro
Au début du mois d’avril, le premier week-end, trois couples de commensaux sont réunis dans une maison de campagne et jouent – une tablette oui-ja indiquera comme adresse (on le lui demande, elle répond) Viterbo Bolsena Gradoli

un développement gsv a été opéré ici où se trouvera un lien vers les dialogues déjà évoqués

* : oui qui ? La solution à deux voix qui a été mise au jour un soir à table (sûrement des pâtes à la sauce et une salade verte) est difficile à emprunter – difficultueuse surtout pour les pensées d’AM qui peuvent cependant se lire (mais écrire n’est plus penser) dans les lettres qu’il rédige(on ne s’entend pas sur leur nombre, 75, 92 d’autres chiffres sont évoqués) – comme disait Cyrano « il me manque une rime en eutre », il me faut un narrateur – une narratrice ? Le point de vue changera – je cherche (je confuse entre le #22 et le #23)

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

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