#anthologie #22 | avant-hier il ne neigeait pas

Rue de Steinkerque avant-hier dans la rue bondée – et en levant la tête le Sacré Cœur était toujours là – , j’ai croisé un groupe de touristes silencieux , en tête du groupe, une femme, leur guide certainement, tenait à bout de bras un parapluie rouge fermé ; la dernière fois il était jaune et comme il pleuvait l’homme le tenait ouvert ; allaient-ils prendre à droite sur le boulevard vers Pigalle ou s’engouffrer dans le métro Anvers; quelqu’un qui sortait du supermarché chinois en face du deux a couru, les talons claquaient sur la chaussée ; quand quelqu’un court dans une rue bondée, et c’était le cas avant-hier, ça peut produire une légère tension, certains se sont retournés ; l’homme qui courait est entré dans la pharmacie qui fait l’angle. J’ai tapé le code et poussé la porte à deux mains, elle est si lourde
( avant-hier il était environ 18H quand je suis redescendue pour acheter des œufs et du pain à ma mère il suffit de remonter la rue de Steinkerque et de tourner à droite rue d’Orsel pour trouver un premier supermarché dit de ville, à quelques pas il y en a un plus grand avec un sous sol, on passe devant une biscuiterie la même qu’à Avignon et à Nancy, deux boutiques de vêtements, et une de bijoux fantaisie; dans le contigüe au premier supermarché et, qui dépend de lui, on trouve un dépôt boulangerie ouvert sur la rue, le pain et les croissants sont cuits sur place, la baguette est à 1 euro 80, on peut aussi acheter des sandwich et des salades; en juillet la queue est dense, les touristes qui ne se confondent pas avec les employés des bureaux et des magasins alentour mangent plus volontiers dehors: dans le square du sacré cœur près du manège aux chevaux de bois, en bas dans celui d’Anvers autour du kiosque à musique sans musique)

Rue de Steinkerque dans la rue bondée, je tenais la main de ma grand- mère,  j’ai croisé un groupe de touristes très gais, il neigeait ; en levant la tête le Sacré Cœur était couvert de neige comme une meringue saupoudrée de sucre glace mais il ne bougeait pas, en face du deux le marchand de souvenir arborait ses boules de neiges, ses Sacré Cœur sous cloche de verre et ses tours Eiffel en plusieurs tailles ; les soieries et les boas de la boutique voisine étaient rentrés, les néons leur donnaient une mine cafardeuse ; l’homme en tête du groupe, leur guide certainement, chantait je m’en souviens un air très entrainant, il tenait à bout de bras une écharpe rouge qu’il remuait en tous sens, ça faisait beau sous la neige ; quand un policier qui réglait la circulation a sifflé l’homme s’est arrêté de chanter ; allaient ils prendre à droite sur le boulevard, s’arrêter au stand de tir et s’acheter des pommes d’amour – chaque année à Noël il y avait les baraques foraines ; le cracheur de feu se tenaient sur une petite estrade devant la station Anvers. J’aurais voulu encore regarder mais ma grand-mère avait ouvert avec sa clé, et elle poussait la porte à deux mains, elle est si lourde
( quand nous étions redescendus en fin d’après midi ma mère mon frère et moi, ma mère venue nous chercher en 4L s’était garée rue D’Orsel, nous l’avions suppliée de faire un tour sur le boulevard pour voir les baraques foraines, il faudrait faire vite à cause du disque bleu, il restait une toute petite heure heure, ce sont ses mots, de ces toute petites heure qui se volatilisent sans qu’on ait eu le temps d’y penser. Nous avions pris à gauche vers le boulevard, les auto tamponneuses clignotaient, ça sentait la barbe à papa. Nous allions traverser quand notre mère s’est immobilisée verte comme la neige du boulevard sous les lueurs du soir tombant : la femme au boa arborait sa bête, elle proposait pour 1 franc de tenir son serpent, on pouvait même se faire photographier ; malgré nos supplications il fallut remonter la rue de Steinkerque en courant sans avoir touché caressé le boa; rue d’Orsel devant la mercerie le pare-brise de l’auto était couvert neige )

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

6 commentaires à propos de “#anthologie #22 | avant-hier il ne neigeait pas”

  1. J’aime beaucoup comment la neige étouffe calfeutre tient sous cloche la rue Steinkerque et le Sacré Coeur toute en effervescence bruyante aujourd’hui comme si l’on avait retiré un couvercle. Et la fin des paragraphes (presque) identique qui ouvre sur une longue parenthèse de tout ce qu’il y aurait encore à dire. Merci Nathalie !

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