#anthologie #21 | IA ou AI ?

IA (1)

« C’est une vraie photo ? » … n’est pas une vraie question, c’est une question déjà teintée de réponse ou tout au moins de doute, voire de doutes. Juste un cran au-dessus on aurait une question avec déjà dedans, en encore plus marqué, l’avis de celui ou de celle qui pose cette question, « C’est pas (5) une vraie photo ? » … Pourtant l’objet (2) est là, juste devant vous, en vrai, on peut toucher le cadre, parfois le papier, éprouver sa texture et sa réalité. « C’est pas une vraie photo ? » … La question porte plutôt sur l’avant de l’objet, sur sa conception même et va jusqu’à douter de la prise de vue elle-même, tout au moins du moment entre la prise de vue et cette exposition. « C’est une vraie photo ? » … une question qui maintenant sous-entend de l’IA, au moins du Photoshop, une retouche (3), éléments ajoutés ou changés, modifiés en profondeur. « C’est une vraie photo ? » … on soupçonne du masquage, des choses rajoutées faites avec une souris et derrière un écran en oubliant de penser à l’origine du mot, masquage qui vient du masque, souvent en carton rouge agité sous la lampe par le tireur argentique pour modifier l’image qu’il aurait obtenue avec le même négatif mais sans utiliser de masque. « C’est une vraie photo ? » … maintenant la question ne suppose même plus d’humain ni d’appareil photo, la question retraduite devient « C’est de l’IA, c’est ça ? » … (4)

-(1)IA : pour intelligence artificielle, AI c’est pour la même chose, mais en anglais, lequel choisir, la question peut paraitre anodine puisqu’on parle de la même chose, mais si on pense à la place plus que centrale du langage, du vocabulaire et de la syntaxe  qu’on utilise pour utiliser l’IA, de tout ce qu’il véhicule comme sous-entendus, idées toutes faites, références, usages et habitudes, … la langue a et devrait donc avoir dans l’utilisation de l’IA, la plus grande place, la plus importante.

-(2) : photo, même nom pour l’objet (le tirage sur un support, en général papier) et pour ce qu’il y a dessus, la discipline artistique photographie. Manque de clarté, de précision lorsque le contexte n’est pas là pour guider

– (3) : retouche, même mot pour la couture et le bas de pantalon qu’on raccourcit que pour la photo sur laquelle on va retirer les taches, les mouches ou bien les branches qui gênent

– (4) : Comment relier ce texte à l’histoire de Blaise ? Ses photos à lui, photos de son voyage, visite d’une expo, lien avec la photo du bateau qui rentre au port, (texte l’exposition), ou du travail qu’il trouve en Écosse, articles pour un magazine. Faire de lui un photographe découvert grâce à ses photos de voyage ?

– (5) : réflexion sur le rôle de la négation dans la question. Améliorer l’aspect esthétique d’une photo serait négatif ? Pourtant ces personnes qui parlent de manière négative se sont déplacées pour venir voir une exposition, pas uniquement un travail scientifique, naturaliste, ethnographique, géographique, mais également esthétique. Pourtant, ils auraient un problème quand a été travaillé le côté esthétique d’une photo ? Peut-être une question de quantité de retouche, signaler que l’image a été retouchée. Retour aux questions des débuts de la photo qui l’opposait à la peinture, réservant à la toile la créativité ?

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.