#anthologie #02 | sept heures

Une toute petite porte, on ne passe que de travers, cinquante centimètres de large tout au plus – des gonds forts, trois, en bronze on ne doit pas les voir mais ils sont là – un verrou à l’extérieur; dissimulé aussi – on sent bien qu’il s’agit d’une espèce de bricolage, robuste et solide mais fait dans l’urgence, la porte s’ouvre vers l’extérieur – pour entrer, on la tire à soi, on se baisse parce qu’elle ne fait qu’un mètre de haut, elle est en trompe-l’œil, le haut de ce pan de mur est recouvert d’une bibliothèque sur son extérieur – on entre : il s’agit d’un réduit, c’est sans fenêtre,la lumière électrique tombe d’une lentille collée au plafond, blanche – deux mètres sur un et demi tout au plus – il s’y trouve un lit qui en occupe les trois quarts, un plaid écossais le recouvre : comme on dit, le lit est fait, un oreiller à la taie de couleur – il n’y a rien sur le petit mur face à soi ni sur le suivant en bois où se trouve la porte, close – on n’a nullement cherché à cherché à rendre l’endroit esthétique ; c’est trop petit, c’est engoncé, ça va jusqu’au plafond, lui aussi en bois – un bois sec dur brut – tout est brutal – en face une latrine, la lunette fermée, le réservoir de faïence blanche – sur le réservoir, un évier desservi par un même robinet, un gant de toilette, un savon, une petite étagère de bois, un rasoir, un blaireau et du savon à barbe – il est possible qu’on ait posé sur ce mur un petit miroir; sur la tablette un livre aussi, petit, probablement une bible – une espèce de petite tablette qui se replie – le mur en face de soi est brut – il y a une chaise, pliable, posée contre le petit mur sur la gauche et sur ce mur là, un judas – entre le lit et cette chaise, un tas de livres et de papiers le sol en moquette, c’est propre – et là, sur le côté du lit, un petit tabouret, on y a posé des feuilles de papier, tout ça est assez rangé – c’est un moment de la fin du mois d’avril – ça dure depuis le seize du mois précédent, mais ça, ça ne compte pas – le mur du fond est recouvert d’un drap noir sur lequel a été peinte une étoile rouge d’une forme assez bizarre, cinq branche évidées et en lettres majuscules le nom du groupe – agenouillé devant le grand côté du lit, le type a des cheveux gris, assez frisés ondulés une mèche plus blanche ce n’est pas un vieil homme mais il porte quand même son âge et son histoire, il n’est pas opulent mais tient tout ce petit espace, il est rasé de frais, dans un survêtement de sport dans les rouges et, comme tous les matins, vers sept heures il a joint ses mains devant lui, doigts croisés coudes sur le lit, sur le plaid, la couverture tirée, le lit fait parce que c’est un homme d’ordre, il est à genoux son menton repose sur ses doigts croisés et comme tous les matins, comme tous les jours, les yeux fermés, il prie

c'est un petit texte qui reprend une affaire que j'ai entreprise il y a un moment (mon ami Aldo Moro) (je ne trouve plus le lien vers le texte de l'enlèvement mais c'est quelque part) - comme on en est au début je cherche un petit peu où aller : il y a peut-être cette volonté, aussi, de laisser aller son chemin la narration dès qu'elle prend corps avec l'énoncé de ce qu'on peut appeler (quelque part je ne sais où) la consigne - il se peut que ça n'aille pas plus loin dans ce registre ou cette direction
je n'ai pas le temps - trop à faire - mais peut-être tenir quand même

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

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