Parce que si pardon un jour peut-être, oubli jamais
Parce que demain peut se prendre pour hier
Parce qu’aller chercher des images, plus loin derrière, et plus encore, ce sera pour plus tard
Parce que laisser une trace quand la peinture est encore fraîche
Parce que…
L’orchestre improvisé de casseroles le soir à vingt heures et puis. Plus rien
Ecouter Bach, ou Beethoven, ou Mozart, ou qui tu veux et que la musique nous prenne « comme une mer »
Face caméra « greffer un non vacciné c’est gaspiller un organe », « on vous vaccinera de force… emmenés par deux policiers… », « des racailles des contamineurs conscients d’avoir le sida des violeurs de jeunes filles », « être libre c’est être libre d’obéir au risque d’être mis au ban de la société » etc., etc., etc., etc., etc.
Laisser passer, comme les nuages, se connecter aux ondes Alpha
Les rayons des jouets et des sous-vêtements des supermarchés barricadés par des banderoles rouges de sécurité
Remercier d’avoir rappelé que la surconsommation est mauvaise pour la santé
L’oubli de la langue française et le syndrome du « Click and Collect »
Continuer à s’écouter parler vrai pour comprendre ce qu’on dit
A la pharmacie, les montagnes de boites de masques qui affichent en minuscules une efficacité bactérienne mais aucune protection virale
Ni dieu ni maitre, même pas peur
Ruée au rayon papier toilette du supermarché, bousculades à gogo
Retrouver la vidéo de François Bon qui déclame du Rabelais et l’art de s’essuyer le derrière pour une diffusion grand public à heure de grande écoute lors de la fabrication de la prochaine pandémie
Propagande publicitaire avant les fêtes de Noël pour séparer les vieux des jeunes, et réciproquement, et isoler, vraiment, les torchons des serviettes
Attendre le printemps et remercier des herbes folles, luxuriantes, jamais vues, impertinentes à souhait qui envahissent les rues, les chantiers arrêtés, les villes anesthésiées
Les cris dans une salle d’hôpital d’une femme qui refuse d’accoucher avec un masque sur le nez
Naitre ici et maintenant et faire avec
Bis repetita propaganda amie complice du mensonge « tous vaccinés tous protégés »
Ne jamais oublier que mon corps m’appartient, à la vie, à la mort
Fermé, ouvert, fermé, ré-ouvert, le parc, désert, d’à côté.
Regarder le ciel, même couvert, toujours ouvert.
Manger assis, boire debout, ou l’inverse, ou alternativement, ou interdit même d’entrer
Rester chez soi, se faire des bons petits plats, manger couché, dormir debout
Un banal jeudi soir en région parisienne qui tourne mal, sept cent kilomètres d’embouteillages ou l’insolite d’une évasion collective avant même le premier jour de détention en semi-liberté
Revoir en boucle la Traversée de Paris, prendre un somnifère à effet prolongé
Peur silencieuse et tétanisée d’être contaminé dans les files d’attente des centres de dépistage
Dansez, chantez, aimez, embrassez qui vous voulez
L’imprimante qui refuse de vomir le formulaire d’attestation de déplacement dérogatoire
Rouler la nuit dans les rues désertes et chanter à tue-tête vitres ouvertes « nous sommes invisibles aux forces de l’ordre ! »
Du Doliprane… prenez du Doliprane, que du Doliprane !
Planter des graines d’Artemisia, en donner aux voisins, s’enivrer de tisanes amères au miel d’eucalyptus et rire de la folie ambiante à s’en faire pipi dessus
Les longues conversations au téléphone avec cette amie suspendue, exclue, renvoyée, fichée, pire que persona non grata, paria, au bord de l’irréparable
Afficher sur les murs des villes et des villages les trois mots du triangle de Karpman bourreau/victime/sauveur
Des parents épouvantés à qui on refuse l’accès aux urgences avec leur fils gravement blessé. Les pas piqués au piquet.
Apprendre d’urgence la télépathie pour les temps à venir
Apprendre du passé
A prendre ou à laisser
Prendre et dans ses bras l’enlacer
L’invisible souffle de la liberté
« Naitre ici et maintenant et faire avec .L’imprimante qui refuse de vomir le formulaire d’attestation de déplacement dérogatoire.Les cris dans une salle d’hôpital d’une femme qui refuse d’accoucher avec un masque sur le nez »
Quelques perles de notre temps! merci pour cette épopée du quotidien …
…temps de vivre.. temps d’écrire… il est précieux.. pour les deux …ce marathon. merci!
Hé bien, encore une lecture qui me captive, par la capacité à mémoriser (à moins que tu aies pris des notes sur le moment et dans ce cas gros travail de documentation), par la forme et le fond, et ces phrases en italiques réjouissantes, à apprendre par cœur pour certaines. Merci Eve!
…merci beaucoup!