l’image de la Marianne du Robin des Bois de Walt Disney, en robe de mariée dans la boîte de fromage en portions, on l’aurait prise pour vierge
Mammouth écrase les prix
à l’ouverture du Leclerc de Roanne la famille endimanchée s’y rendit en R 16
le cartable à bretelles en simili cuir jaune et bleu fut le seul achat au Carrefour de Vénissieux, les parents regrettant déjà d’avoir cédé à la tentation d’y venir
sur les premiers yaourts aux arômes naturels de fruits La Roche aux Fées les figurines en plastique du charmeur de serpent et du serpent à sonnette sortant de son panier rond
dans les tablettes de chocolat Poulain les images étaient source de dispute
chez Paul & Nanny chausseur pour enfants à Lyon les enfants sont assis sur des petites chaises
le panier en osier pendu autour du cou de l’ouvreuse au cinéma quand elle passe dans les rangs à l’entracte
la raie des fesses du garagiste et des années plus tard celle du plombier
les trois ou quatre toiles cirées empilées les unes sur les autres sur la table de la cuisine parce qu’il ne fallait pas jeter mais remplacer
le curé portant une soutane trop courte
il fallait distribuer les cartes du jeu avant de démarrer la voiture parce que la boîte aux lettres étaient au coin de la maison
du cinquième étage on voyait sur le trottoir d’en face la cabine téléphonique pulvérisée par une voiture : à l’intérieur une personne téléphonait
une autre fois un cycliste renversé
le clochard sonnant à la porte des appartements
le laveur de vitres portant longue barbe rousse et grande échelle nous faisait peur
l’horloger pied noir, chauve et barbu sur la porte de sa bijouterie, aussi
les pâtisseries orientales orange et luisantes de gras et de sucre dans la vitrine
la femme que l’on croisait tous les jours en allant à l’école, elle avait une main en plastique
la peinture verte sur le visage des supporters de l’équipe de foot de Saint-Etienne
nos visages peints à la craie grasse lors d’une soirée étudiante, brousse africaine ou paysage de neige
les hommes reboutonnant leur braguette à la sortie des vespasiennes
tous les jours, le chignon haut et blond de Madame Janin balayant le trottoir devant sa chocolaterie
la verge des éléphants du Parc de la Tête d’Or traînant par terre quand ils urinaient
l’ours malheureux dans la cage d’à côté
chaque année à Noël la maquette d’un circuit ferroviaire à la gare des Brotteaux
Marie Myriam a gagné l’Eurovision. A l’école au pique-nique de fin d’année on chante tous Comme un enfant aux yeux de lumière.Deux boutons poussent sous mon maillot bleu ciel.
les toiles cirées superposées, la soutane trop courte, la main en plastique , la verge des éléphants , les marques, enseignes, noms de lieux … par ces petits bouts de presque rien y être totalement. Merci
Beaucoup d’instants partagés à quelques années d’intervalle à Lyon… l’ours malheureux, les éléphants excités et dingos, Paul et Nanny mais on était trop grands, on regardait de dehors, les maquettes de train… beaucoup de détails très justes qui reviennent en masse. Merci de ce Lyon-là.
Merci Cécile pour ce beau texte, tous ces enchaînements qui me rappellent mes seventies ! Même madame Janin, le chignon blond et haut j’ai l’impression de l’avoir connu…