Il est mort et ses filles distribuent aux convives une liste non exhaustive d’images qui n’existaient que dans sa tête et qu’il a collectées au fil du temps, lui, en chasseur de papillon. Certains se demandent s’ils pourraient le confondre avec une machine qui se souviendrait de tout cela à sa place.
Le corps du père étendu de tout son long sur l’herbe et les cailloux, près de sa cabane de berger. On le croit mort mais c’est comme ça que les pères font la sieste dans les films de Ceylan | La surprise sur son visage quand elle m’aperçoit en passant depuis la voiture de son frère et comprend immédiatement que je ne suis pas dans le bateau, que j’ai menti sur la date de mon départ | L’impact dans le double vitrage de la baie et l’expert, dans le bâtiment, perché sur un escabeau pour chercher à la lampe torche où la balle du voisin a pu traverser le toit | La main de John Wilson s’appliquant à changer les étiquettes des produits Febreze en Febreeze | Tout le monde est prêt à partir mais je reste assis sur l’accoudoir du canapé, face à l’écran déraisonnablement trop grand pour la pièce. Le vieux harangue une foule, perdu au milieu de la scène. C’est peut-être la première fois qu’un de ses meetings est diffusé sur une chaîne continue, en direct et en entier. Derrière moi, on s’impatiente. Quand on m’accuse d’admirer, j’éteins la télé et prend un air distant | Il faut zoomer pour bien voir son visage sur sa photo de profil. Elle sert un Superman dans ses bras.