#anthologie #19 | images sans lieu

fermer les yeux dans la nuit et voir la nuit en soi comme espace

reflets de la lune sur le ruisseau dans le rêve

la salle de bains toute en longueur à peine large d’une mètre son jaune sale passé

la porte de bois grande comme une carte à jouer sur le mur à hauteur d’œil dans la rue de la truie

le plafond de bois dont les caissons sont comptés regroupés par le regard en formes successives

la baie vitrée sur toute la largeur de la chambre donnant le ciel d’hiver lavé du sud

l’homme large et roux arrimé à la table lâchant d’une voix basse c’est elle qui a tué le gosse

les sangliers sans visage le multiple dans le rêve

le pavé noir en contrebas éclairé par le lampadaire au bord du gouffre

le lustre de métal au plafond où le regard depuis le matelas à l terre revient cherchant une irrégularité de symétrie dans l’absence de sommeil

dans l’alignement des portes de garage l’une ouverte conduisant par un tunnel à une cour un parc d’autres bâtiments et voir que c’est ainsi pour chacune d’entre elles

la main inscrivant lentement dans la case de la feuille un zéro sur lequel le regard se fixe s’efforçant encore de parler dans la langue étrangère

l’homme marchant sur le bord de la route le long du trottoir légèrement penché en avant rien ne l’arrêtera

la terre rouge de l’autre continent approchée lentement du dessus

façade du palais blanc dans la nuit complètement détachée sur le ciel au milieu de l’avenue déserte

la route large vide longue désolante seul avec ce nom croupillac

sombre la cuisine sombre en dessous du niveau de la rue et sombre plus encore l’autre pièce toutes d’hiver

le rapport entre l’épaisseur la hauteur et la largeur de l’édition du livre de poche de la vie mode d’emploi les caractères dodus la prose lente et luxuriante la plan de l’immeuble tracés de traits droits et fins quand au chapitre cinquante et un il est écrit au fusain

l’espace immense vide à l’étage en haut de la maison parquet au sol refait depuis peu les chambres s’ouvraient sur lui il n’avait pas d’usage

inégal sous le pied le plancher du lycée impérial dans le couloir étroit aux fenêtres hautes attente

cri découvrant un instant son triangle noir

A propos de Tristan Mat

Tristan Mat vit. Ailleurs. Il écrit. A la main. Site http://www.tristanmat.net/ Profil Facebook: https://www.facebook.com/tristan.mat.735

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