« Il est toujours joli le temps passé, une fois qu’ils ont cassé leur pipe… », Brassens à Bobino, j’ai dix ans, c’est tonton Lulu qui m’a emmenée, quand on l’applaudît je suis sûre qu’il rougit, je le voudrais comme père
les mots bombés en rouge sur le panneau de chantier à Angoulême « Ils nous ont ordonné de perdre, nous on choisit de mordre »
le sourire radieux de l’enfant que tu étais qui illumine ton visage rappelant le temps d’avant avec Winnie l’ourson et des chaussettes rouges et jaunes à p’tit pois
ton corps musclé d’adolescent, blouson jean, tee-shirt blanc, ce geste machinal de dégager d’un coup de tête la mèche blonde devant tes yeux tandis que tu remontes le wagon fumeur à la recherche d’une place, clope au bec
le canapé rouge du P et A = PA, P et I = PI, du premier baiser, de la télé noir et blanc avec la mire ORTF qui fascine les enfants
Devant le minitel la petite fille tape en tirant la langue les lettres G-A-E-L-L-E, Ça y est, j’sais écrire mon nom
le premier paquet de cigarettes, des KOOL, lettres vertes sur fond blanc, offertes par le père le jour de la communion solennelle, le sentiment d’avoir grandi d’un coup
la voiture remplie à ras bord d’enfants descend vers la Seine, tout le monde saute à l’eau, les berges plongent à pic, personne ne sait nager, heureusement on a gonflé les bouées
le train de banlieue en métal gris, banquettes rouges que l’on prend pour se rendre à Paris acheter le tablier de la rentrée à la Samaritaine
le tonton Jean qui attelle ses bœufs pour ramasser le foin fané les jours précédents, il embarque les enfants, balance le foin dans la charrette avec son grand râteau et crie tassez ! tassez ! Les petits sautent, rebondissent, font voler la poussière
le camion du laitier au pied de l’immeuble, descendre les sept étages et les remonter sans faire tomber le pichet
rangée dans un malle en osier la pile de revues 100 idées pour apprendre à isoler les murs avec des boîtes à oeufs, tricoter des pulls paysages ou fabriquer un métier à tisser
Belle série d’images qui, encore une fois dans cet atelier, expriment aussi la mémoire collective! J’aime beaucoup.
Merci pour le passage. Incroyables tous ces textes !