Les images ne font que passer
Elle penchée sur les enfants, au milieu de meubles artificiellement minuscules à la taille de leurs corps et brisant les nôtres. Plus tard, un vrai fauteuil récupéré chez Emmaüs.
Elle léchant ses doigts, la pêche est trop mûre, le jus violet rouge coule dans le creux entre l’index et l’annulaire. Une scène troublante.
Elle allongée au soleil, dans la maison du Mont, sur une couverture sans couleur, sortie cent fois. La couverture Soleil.
Elle le coude appuyé sur sa joue, de profil, regard au loin, elle sourit à demi, pas vraiment contente.
Elle dans un lit posé au sol, un simple matelas, adossée à une pile de coussins, un bol de melon sur un petit plateau, sa main qui va et qui vient, quelques phrases sur le regret de l’Afrique de L’Ouest qu’elle ne connaîtra pas.
Elle dans un lit posé au sol, un simple matelas dans une alcôve, adossée à une pile de coussins. Sa bouche et son bras trahis par le temps compté.
Elle dans une cuisine, à surveiller la cuisson des cailles, à déballer un Succès de chez Challet, à rire de nous pour son anniversaire, à comparer les chocolats.
Elle dans un jardin suspendu, au-dessus de la gare. Avec eux, ses amis qui ne l’ont connue que malade.
Elle au Pérou dans un train qui déraille, elle donne un morceau de chocolat à une fillette et à sa mère.
Elle à respirer du haut du crâne aux orteils, le corps en torsion, un bras posé et un autre tendu au-dessus d’elle, en position de fente, une des variantes de la posture du Shiva victorieux.
Elle dans la voiture, une main dans un sachet de fruits secs et l’autre sur le volant, qui déclare De l’appartement avant, on voyait la mer.
Elle rarement seule et toi pour en saisir l’instantané, merci !
Merci Cécile, oui une affaire de regards cette affaire, je m’en rends de plus en plus compte.