Un panneau debout sur ses jambes de bois, au milieu du champ labouré : ici, bientôt la construction de l’X
haute porte par laquelle allaient et venaient tracteurs, moissonneuse-batteuse, écoliers puis lycéens et elle, revenant du Famiprix avec les courses
France-Soir pour envelopper les œufs tout frais pondus
perroquet de plâtre peint en vert et bleu puis verni à l’école, cadeau pour la fête des mères
quais de la gare d’en bas, talus et attente des deux côtés
rêve du lac sans eau, brochets morts au fond , impossible d’y revenir pour le remplir
poursuite : grand œil en attente, perché au fond d’un local dit technique qu’on va vider de ses programmes et affiches périmés avec dedans, les noms d’adolescents qui depuis ont rejoint leur autre part
ombre d’un mur si haut que le soleil s’écarte à son contact
affiche du voyage dans le temps, scotchée sur le panneau de contreplaqué, à l’angle de la rue fraiche et la décision d’aller voir de plus près
les feuilles du déroulé, abandonnées sur les bancs, après prises de paroles et larmes
une forêt d’encre dans un corps d’oiseau
deux squelettes de poissons archétypes, espèces de brochets pris entre deux vitres, en hauteur, sur fond de ciel bleu et de jardin botanique
arrêt du L9, ouverture des portes et sortie lente d’une petite pente. Un fauteuil roulant, poussé par une femme, l’emprunte et trouve sa place dans le bus. Dans le fauteuil roulant, une autre femme plus âgée regarde défiler le paysage comme si c’était la dernière fois — lauriers-roses, machines de chantier qui déplacent les monuments, visages semblant savoir où ils vont, fontaine des jeux floraux, réverbération, lumière aveuglante et berges noires de monde
boîte aux lettres sur pied près du café des artistes. Couverte de lettres et de tracts collés. Quelqu’un a rajouté une question : ce ne serait pas une sculpture, par hasard, car aucune heure de levée n’est indiquée
J’ai beaucoup aimé. Merci.