Les jeux à se faire peur et ta bouille grimaçante, protestations et langue tirée quand ce que je te racontais était trop effrayant.
Ce monstre sous le lit, on l’imaginait comme ci ou comme ça, il changeait de figure à chaque fois. Il y avait le bossu, qu’on pensait de Notre Dame, sa gueule de gargouille, son corps difforme. On frissonnait.
Les faits divers dans les journaux, la revue Détective, les affiches du jeune disparu (il avait notre âge), enlevé, assassiné. On se disait quelle serait la une du quotidien si on le retrouvait. Quelle photo y apparaîtrait, d’un corps flou méconnaissable. Mais notre imagination nous faisait voir le pire.
L’exhibitionniste du parc d’une grande ville voisine, se retrouverait on un jour face à lui. Ce dessin vu, caricatural de l’imper ouvert, de dos, et le copain qui se moquait de nous en faisant la même chose. Coucou la voilà. Truc de vieux avant l’âge ou de beauf, il devait imiter son grand père imitant.
Ce premier film d’horreur chez B. C’était L’exorciste. Nous étions plusieurs ados. Seuls quelques-uns avaient déjà vu ce genre de film. Un seul au cinéma. Tout le monde disait que c’était le plus flippant. J’ai rigolé pour me donner une contenance mais j’étais terrifiée. Tu l’étais encore plus. On a dormi (mal), ensemble. Serrées, rassurées comme on pouvait. Les images du film sont restées longtemps incrustées. Après, on a mis un temps fou avant de vouloir, de même envisager un autre film d’horreur.
Bien plus tard, ce jour où tu as cru rester bloquée dans un urbex où l’on s’était aventuré avec un groupe de copains. Je t’ai vue perdre pieds, blêmir, imaginer qu’il faudrait appeler au secours, faire intervenir des pompiers. Je revois ton visage reflétant presque plus la honte que la peur. Mais peur quand même.
Et ton visage décomposé à ma première grosse blessure.