#anthologie #19 | album fantôme

la silhouette tassée de ma grand-mère assise sur une chaise mains croisées sur le ventre regard dans le vide près de la porte-fenêtre au voilage blanc à l’abri du dehors

les quatre tartines beurrées et les huit carrés de chocolat Poulain posées sur la table en attendant le retour de l’école

le visage de ce jeune homme de quinze ans dans le roulement des vagues de la Parée

la petite fille de huit ou neuf ans en robe de chambre et chaussons dans le crépuscule d’un jour d’été la main sur la petite grille noire qui donne sur la rue

le bouquet de jonquilles jaunes posées sur le bord de la fenêtre d’une chambre de bonne dans la lumière du soir qui tombe ciel et toits gris en zinc à portée de regard

à Simaho dans l’obscurité de la nuit nos corps nus et blancs, leur transparence, dans la mer pâlie d’étoiles et de lune

la main ridée écartant légèrement le voilage blanc de la porte-fenêtre l’œil à l’affût du dehors

A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

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