#anthologie #18 | un carton de photos

1 – Inventaire
Inventorier les photos, les lister, tenter un classement | et l’écho en moi de toutes ces photos prises, adolescente, dès le premier appareil dans les mains, sans projet, pour apprivoiser le regard et l’objet

2 – Prétexte
Toutes ces photos en vrac de la vie d’un homme, le père inconnu de cette vie-là, celle d’avant la famille qu’il aura contribué à créer | ce qui fera récit ou fiction, par les photos aussi, ce qui suscitera une forme d’écriture en tout cas.

2 – Cataracte
Arrêt sur image, celle d’un œil pendant une opération de la cataracte, surprise, dégoût, l’œil écartelé, la fixité du regard. On devine la main du chirurgien | et se demander d’où vient le jaillissement de l’écriture : de l’œil, de la main ? De ce que l’on voit et photographie ? L’image d’abord ou le récit, d’abord ?

3 – Hors-champ
Tous les questionnements sur les photos inclassables, non identifiées | saisir une situation pour le hors-champ, s’abstenir de ce qui en dirait trop, pour laisser sa place au lecteur/public.

4 –  Épuisement d’un lieu
De toute évidence un bordel de campagne, il disait BDC par pudeur sans doute. Des femmes peu vêtues sur le bord d’une plage ou dans un pré | déjà fait, déjà vu, oui, mais saisir dans le long temps le même lieu, et le temps qui finit par raconter quelque chose du lieu. La surprise aussi parfois de ce que l’on a capturé sans le voir… (une belle Eurasienne)

5 – Enigme
Une belle Eurasienne de trois-quart sur une photo en noir et blanc, aux bords dentelés | retourner à l’écriture pour tenter de lui donner vie

6 – De dos
Des baraquements en construction, des hommes par dizaines de dos | parce qu’on ne se voit jamais de dos… Ce que révèle aussi un dos, une nuque… ce que le dos pourrait dire pendant que le corps avance… ce qui se passe dans le dos… ce qu’on pourrait capter de face et de dos simultanément… Souvenir de cette réflexion d’un personnage (enfant) de Ryōta Nakano qui ne prenait justement que des photos de dos…

7 – Tendresse
Récit photographique d’une enfance | comment photographier une émotion, une sensation ? Est-ce que cela peut prendre la forme d’un objet ? Qu’est-ce qui serait le plus universel alors ? Et pour quelle émotion/sensation ?

 8 – Une histoire à raconter
Un carton de photos, un héritage ? | ce que les photos racontent quand on n’a pas su poser les questions, les photographies comme seules réponses (?)

A propos de Marlen Sauvage

Journaliste longtemps. Puis dans l'édition. Puis animatrice d'ateliers après une formation Elisabeth Bing et DUAAE à Montpellier. J'anime encore quelques stages d'écriture, ai contribué aléatoirement au site des Cosaques des frontières, publié quelques livres – fictions et biofictions – participé à plusieurs ouvrages collectifs. Mon blog les ateliers du déluge.

12 commentaires à propos de “#anthologie #18 | un carton de photos”

  1. Belle idée que cette énumération, et ces tentatives de réponses universelles et intimes à la fois qui nous propulsent bien au-delà au delà des mots.. « ce que les photos racontent quand on n’a pas su poser les questions, les photographies comme seules réponses »
    Oui et tout est à imaginer.
    Merci Marlène.

  2. Des cartons de photos, ou des photos dans le disque dur… avec la même question qu’avec les petits bouts de texte : qu’en faire ?

    • Voilà la question ! Pour moi, tout étant prétexte à écrire, j’écris. Sans désir de publication, juste écrire…

  3. ..Merci pour Ryōta Nakano…et ces quêtes de visages dans les décombres … et pour tout le reste, de la dentelle pour broder le tragique…

    • Oui, c’est une remarque d’un personnage de La famille Asada, ça m’avait tellement touchée ce petit gars qui photographiait des nuques… Merci Eve !

    • Perle, (quel joli prénom !), j’ai tenté un cheminement où les écritures s’enchaînaient (inventaire ; photos en vrac ; un détail sur l’homme photographe photographié ; le hors-champ entrevu dans le paragraphe précédent – on ne voit pas le chirurgien –, un lieu –après le champ ! –, l’énigme de la Belle Eurasienne citée en fin du précédent paragraphe vue de trois-quarts ; de dos ; tendresse – pour le personnage dont je tenterai de terminer le récit ! – , et une histoire à raconter – que j’aurais pu intituler « regrets ». Voilà. C’est sans doute tiré par les cheveux, mais c’est la forme qui s’est imposée !

  4. des liens de la photo à l’écriture… sans doute est ce là la cohérence de ta production sur ce chapitre… tu prononce souvent le nom de récit, enfin c’est ce qu’il m’a semblé
    à poursuivre et affiner, des choses pour toi là-dedans !