#anthologie #18 | Panthéon photographique

Le Cabinet de Photographies du Centre Pompidou  

Le Violon d’Ingres

Le garde-meuble

La benne du ferrailleur

Screenshot

Google Map                  

Un téléphone portable

Vignettes

Doublons

Tirage en double

Négatifs

Cartes postales

Radiographie

Genbaku no e

Ma photographie préférée

La dernière photographie numérique

La rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie

Photos de classe

Photos de la rentrée

Photographies d’artiste

Dessus de cercueil

Photographie de la maternité en noir et blanc

Catalogues d’expositions photographiques

Ma photo dans le journal 1

Ma photo dans le journal 2

Roman-photo

Mon assiette en photo

Livre de recettes

Le gros lampadaire

Photographies de contact

Photographie de l’auteur de l’autrice d’un livre

Photographies de chien sur la couverture d’un livre

Almanach du facteur

Images 1

Images 2

Galerie

Timbre-Poste

Photographie plastifiée

Plaques de verre

Médaillon

Ma photo sur ton mug

Caméra de vidéosurveillance 2

Caméra de vidéosurveillance 1

Code QR

Le Cabinet de Photographies du Centre Pompidou

Il est entré dans ma vie un jour de l’été 2016.

Le Violon d’Ingres

Man Ray, 1924, épreuve gélatino-argentique, 31×24,7 cm, AM 1993-117 – je sais où la trouver dans la réserve au second sous-sol.

Le garde-meuble

Au décès de la mère aucun des quatre enfants n’a voulu des albums de photographies aux épaisses couvertures en cuir marouflé. Les photographies les plus anciennes ne sont même pas du siècle dernier mais de l’avant-siècle dernier. Le fils aîné a loué une place dans un garde-meuble pour les entreposer. L’arrière-grand-mère n’a qu’à bien ranger son chapeau.

La benne du ferrailleur

Quand les déchèteries n’existaient pas encore, le ferrailleur disposait des bennes dans plusieurs endroits de la petite ville. Epouvanté que l’on puisse les jeter là, quelqu’un de mon entourage récupérait ces albums, mêlant des ancêtres aux siens. Est-ce que les jeter aujourd’hui serait une façon de les tuer une deuxième fois ?

Screenshot

La définition de ce mot reste pour moi la connivence du père et du fils bricolant dans le ventre de la moissonneuse-batteuse, un jour que Google Earth était passé devant la ferme, Google Earth avait photographié la cour de la ferme devant l’atelier. On y voit la moissonneuse-batteuse, tôle ouverte. Un homme, de dos, est juché sur un escabeau posé sur la roue. Seul l’enfant sait qu’à cet instant précis il était dans le ventre de la machine, il n’y avait que lui pour s’y faufiler. Depuis, le père est mort. L’enfant est un homme à présent. Je l’ai en permanence sur mon téléphone cellulaire.

Google Map                  

C’est comme si on ne pouvait plus aller nulle part sans vérifier auparavant sur un écran que ça existe bien quelque part à plat ou en 3D.

Un téléphone portable

Si on me pose la question à quoi te sert ton téléphone portable ? Je réponds sans hésiter pour photographier. Non je ne veux pas d’appareil photo j’ai déjà un téléphone portable. Tous les jours ou presque je photographie Platane.

Vignettes

J’aimerais réaliser un poster géant avec toutes les petites vignettes de Platane au fil des jours depuis le confinement. Qu’y verrait-on au final ?

Doublons

Il y a les photos que l’on a fait refaire pour donner aux grands-parents par exemple. A leur mort, ces photos font doublons avec celles que l’on possède déjà.

Tirage en double

A une époque, les photographes proposaient le tirage en double des pellicules photos. Un peu comme les opticiens qui proposent une deuxième  paire de lunettes pour un euro de plus. Aujourd’hui, on ne sait plus quoi faire de ces tirages en double.

Négatifs

L’été 2015, j’avais réalisé une sorte de rideau chasse-mouches en cousant de longues lanières de négatifs photos avec des perles de toutes les formes et de toutes les couleurs. Exposés au soleil, les sujets ont vite disparu, laissant des taches décolorées.

Cartes postales

Elles sont en voie de disparition. Je n’en reçois plus, je n’en envoie plus. Pourtant j’en ai de pleines boîtes à chaussures. On n’aimait pas recevoir les vieilles cartes colorisées. Aujourd’hui, elles ont quelque chose de kitsch qui attire l’œil.

Radiographie

J’ai gardé sa dernière radiographie réalisée à la recherche d’une éventuelle sciatique. Ce n’est qu’après sa mort que j’y ai vu l’ombre d’un sexe.

Genbaku no e

Sur les images de la bombe atomique d’Hiroshima et Nagasaki, la dimension humaine des photographies est absente.

Ma photographie préférée

C’est celle qui n’a jamais été tirée, la bobine ne s’étant pas enclenchée. N’étant pas endommagée, j’ai pu faire une nouvelle série de photos à la campagne sur celles que j’avais théoriquement déjà faites à Paris dans le quartier de la Défense alors en pleins travaux. Je me souviens très bien de l’une d’entre elles. Il s’agissait d’un groupe d’ouvriers issus de l’immigration à l’heure de midi. Ils s’étaient assis par terre à l’ombre d’un mur, un bonnet sur la tête. Le contraste entre la pierre blanche au soleil et leur peau noire dans l’ombre m’avait saisie. Je n’ai jamais oublié ce groupe d’hommes.

La dernière photographie numérique

Je n’aurais pas eu l’idée de la faire mais ma mère ne s’y est pas opposée. Alitée sur un lit d’hôpital et souriante, elle est entourée de trois de ses enfants. L’ambiance est joyeuse. Le lendemain, elle était plongée en sédation profonde.

Les photos de classe

On s’aperçoit vite que d’une année sur l’autre elles ne varient pas beaucoup. A quoi bon les empiler de la maternelle au lycée ? Une à l’entrée de l’école et une à la sortie du lycée suffiraient. Les changements seraient plus significatifs.

Les photos de la rentrée

A chaque rentrée scolaire, avant l’heure du repas, le personnel du lycée s’égayait dans le parc pour la photographie de rentrée. D’année en année, on y lit les affinités des personnels entre eux.

Photographies d’artiste

J’en possède deux.

Dessus de cercueil

C’est quasiment inévitable. Sur la sienne, on le voit avec Fluorine, sa vache préférée. Elle est partie plusieurs années après lui.

La photo de la maternité en noir et blanc

Il y a toujours un photographe qui passait dans les maternités pour immortaliser le nourrisson que l’on ne reconnaît jamais. Sur la mienne, je reconnais le bouquet de roses que mon père avait offert à ma mère. Il m’a offert le même à la naissance de ma fille.

Catalogues d’expositions photographiques

En général, ils sont de bons et beaux supports photographiques.

Ma photo dans le journal 1

Mon mari aimait bien jouer au jeu de ma trombine-dans-le-journal. On s’amusait à compter le nombre de fois où tel élu local était photographié dans tel journal communal ou local. Certains gagnaient haut la main.

Ma photo dans le journal 2

Trois fois dans ma vie j’ai eu ma photo dans le journal.

Roman-photo

Adolescente, j’aimais bien lire les romans-photos dans les revues comme Nous deux ou Belle soirée d’autrefois. Ils me faisaient rêver.

Mon assiette en photo

Sans commentaire.

Livre de recettes

J’adore feuilleter les livres de recettes quand il y a de belles photos.

Le gros lampadaire

La pleine lune est un motif récurrent qui s’invite dans mon téléphone portable pour un résultat plus que médiocre.

Photographies de contact

Dans mon téléphone, les photos de contact du répertoire téléphonique ne sont jamais des portraits de la personne mais des motifs en lien avec elle ou liés au contexte qui fait que je les enregistre.

Photographie de l’auteur de l’autrice d’un livre

La photographie de l’auteur  ou de l’autrice sur le bandeau de couverture ou à l’intérieur de la jaquette, un argument de vente ?

Photographies de chien sur la couverture d’un livre

Elles ont pléthore ; un argument de vente ?

Almanach du facteur

Les photographies de l’almanach du facteur ont un rien de suranné.

Images 1

Les images du chocolat Poulain étaient source de dispute. Elles étaient trois filles. L’une n’aimait pas le chocolat, elle n’avait donc pas d’image. Les deux autres se les partageaient par thématiques.

Images 2

A l’école, dix bons points valaient une image. C’était la photo d’un château de la Loire. J’avais obtenu l’image du château royal de Blois.

Galerie

C’est l’endroit dans le téléphone où les photos arrivent.

Timbre-Poste

C’est le format des photographies dans la galerie du téléphone.

Photographie plastifiée

A l’aide d’un fil doré elle est pendue à un clou dans l’entrée. Un œil malicieux nous regarde.

Plaques de verre

On en a quelques-unes qu’un ancêtre avait réalisées dans les Alpes. Si on retournait sur les lieux, on constaterait le recul de la mer de glace.

Médaillon

Les portraits enchâssés dans les médaillons ont l’air triste d’y être enfermés.

Ma photo sur ton mug

Pour moi, le comble du mauvais goût.

Caméra de vidéosurveillance 1

Ça fait toujours bizarre dans un magasin par exemple de se voir derrière le comptoir démultiplié sur plusieurs écrans alors qu’on se tient devant le comptoir.

Caméra de vidéosurveillance 2

A quel moment les parents se sont-ils dit de mettre une caméra de surveillance dans la chambre d’un nourrisson ?

Code QR

Un code QR (en anglais QR code) en forme longue quick response code (« code à réponse rapide ») est un type de code-barres à deux dimensions constitué de modules-carrés noirs disposés dans un carré à fond blanc. Ces points définissent l’information que contient le code. S’ouvre à l’aide de l’appareil-photo du téléphone.

A propos de Cécile Marmonnier

Elle s’appelle Sotta, Cécile Sotta. Elle a surtout vécu à Lyon. Elle a été ou aurait voulu être marchande de bonbons, pompier, dame-pipi, archéologue, cantinière, professeure de lettres certifiée. Maintenant elle est mouette et fermière. En vrai elle n’est pas ici elle est là-bas. Elle s’entoure de beaucoup de livres et les transporte avec elle dans un sac. Parfois dans un carton quand il ne pleut pas. Elle n’a pas assez d’oreilles pour les langues étrangères ni de mémoire sur son disque dur. Alors elle écrit. Sur des cahiers sur des carnets sur des bouts de papier en nombre. Et elle anime des ateliers d’écriture pour ne pas oublier de vivre ni d'écrire.