#anthologie #18| de photomaton en photomaton

Le photomaton dans le métro de Marseille

Que là, quand tu es déjà fatiguée avant de sortir de la maison et puis extenuée avec les deux enfants sur toi et le périple dans le métro de Marseille, avec changement de ligne à Castellane sans escaliers roulants et que tu reviens de l’école, de la crèche et du pédiatre et qu’il faut monter la poussette à pieds, tu prends ce temps avec eux dans la petite cabine et vous souriez tous les trois devant la lumière qui vous éblouit.

La photo dans la rue

Les affiches tout le long des murs de la ville, ces livres urbains que parfois tu as besoin de continuer à lire.

Le portable qui éclate de photos

Dans cette impossibilité de se mettre aux temps technologiques du monde. Tout est inconfortable dans ta vie.

La photo dans les expositions

Comme si pour mieux regarder il te fallait prendre des photos.

Le photomaton de Florence

Celui sur la rue de l’Agnolo, presque à l’angle avec via Verdi, en noir et blanc, là où Sofia et Aglaïa ont fait trois séries folles par jour sur quatre jours. Est-ce que le même de quand tu étais enfant sous les arcades de piazza de la Repubblica ? Est-il ce même photomaton d’Hervé Guibert dans L’image fantôme ?

Les sauvegardes impossibles

La difficulté de faire des sauvegardes. Why ? La peur de découvrir que tout s’est effacé pour toujours et qu’il ne reste plus rien de tes images avec eux.

Le photomaton fasciste

Le vrai, celui qui est dans presque toutes les stations de métro et dans quelques supermarchés, là où il ne faut pas sourire, pas porter de lunettes, ni de foulard, te positionner à la bonne hauteur de la taille, à la bonne hauteur du visage, à la bonne hauteur des yeux, là où dans la photo on dirait que tu es séquestrée par la police et n’avais pas dormi pendant les dix derniers jours.

Les albums de maman

Ses heures de travail. Ces albums en tissus, qui réunissent toutes les années. Comment va-t-on se partager ces albums ?

L’ordinateur qui éclate de photos

Lui aussi. Tout est ralenti dans ta vie.

La photo sur le lit de la mort

Christian t’a envoyé cette photo d’elle.  Et là malgré tes 1200 km de distance, là tu as pris conscience de ce qui est arrivé.

A propos de Anna Proto Pisani

Passionnée par la création et l’écriture, j'ai publié des textes et des articles sur différentes revues et les ouvrages collectifs sur la littérature postcoloniale Les littératures de la Corne de l’Afrique, Karthala, 2016 et Paroles d’écrivains, L’Harmattan, 2014. J'ai créé et fait partie du collectif des traductrices de Princesa, le livre de Fernanda Farìas de Albuquerque et Maurizio Iannelli (Héliotropismes, 2021). Je vis tous les jours sur la frontière entre la langue italienne et la langue française, un espace qui est devenu aussi ma langue d’écriture.

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