Depuis mars 2015 il reste seulement des amas de pierres, des murs effondrés, on peut distinguer encore le dessin des pièces, les briques de terre crue effritées au sol, devenues indiscernables, retournées à leur forme initiale, poussière. Il reste une arche, porte qui donnait peut-être sur l’office ou sur son bureau. Et le désert autour. Nous avions fait connaissance en 1952, lors de mon premier stage sur le chantier de Nimrud. Max m’avait accepté là par amitié pour mon père. Il venait chaque hiver avec son épouse pour une saison de fouille. Je suis arrivé sur le tell aux environs de dix-sept heures, le soleil déjà assez bas permettait de trouver un peu d’ombre. L’équipe d’archéologues était logée dans un campement de toile installé autour d’une maison, Max m’a conduit à la tente où je dormirais puis m’a invité à le rejoindre pour dîner avec son épouse, ce que j’acceptais malgré la fatigue du voyage, impatient de la rencontrer. Une fois installé j’entrepris une visite des lieux. La maison en briques de terre crue, située à la limite orientale de l’acropole, d’une taille et d’un confort surprenants pour ce lieu, produisit sur moi une vive impression. En faisant le tour du bâtiment je découvris à l’arrière une petite pièce attenante par la fenêtre de laquelle, une simple ouverture dans le mur de terre, je la vis pour la première fois. Elle était assise devant une table de bois, le visage penché sur un cahier ouvert. Elle leva la tête, sans doute alertée par l’ombre que je projetais sur le mur, et sursauta à ma vue. Rougissant je me confondis en excuses, bafouillant et sans avoir la présence d’esprit de me présenter. Elle se contenta de m’observer de ses yeux bleus intimidants puis me dit en souriant, vous devez être James Halvay, vous ressemblez beaucoup à votre père, comment se porte t’il? Tout à mon émotion je réussis à articuler quelques mots, impressionné bien qu’un peu déçu. J’avais devant devant moi une femme bien en chair, le visage encadré de cheveux grisonnants aux ondulations strictement arrangées, le cou serré dans le col d’un chemisier beige, très différente de l’image que mon imagination se faisait de la célèbre écrivaine, je voyais là une gentille grand-mère, seul son regard aigu et scrutateur pouvait démentir cette apparence . «Retrouvons nous à l’intérieur, vous serez étonné par le confort de cet endroit» me dit-elle en se levant. Elle prit son appareil photo, un Leika, et sortit de la pièce. La tentation était grande, je n’ai pu résister. Je passais la tête et mon bras par l’ouverture et fis glisser le cahier vers moi afin de déchiffrer ce qui était écrit et souligné en haut de la page de gauche et je lus : Meurtre en Mésopotamie.
superbe, beaucoup aimé
le décor est magnifiquement planté et on avance, on avance, on la voit par la fente de la tente, enfin on apprend qui elle est…
..ouf ça fait du bien en ce lundi gris d’aller un peu dans le désert.. et son silence.. et cette rencontre surprenante. Merci pour le décalage horaire et spatial!!