Devant sa fenêtre, assise dans son fauteuil, les deux pieds sur son petit tabouret, la tête penchée, elle semblait contempler ses mains, des mains de toute une vie, elle les remerciait merci, merci, elle restait là prostrée ses deux mains à plat sur ses genoux, les yeux perdus dans leur immensité, elle murmurait merci, merci, elle semblait rétrécie, un concentré de vie dans ce corps léger comme un oiseau, fragile à ne pas pouvoir la toucher sous peine de la casser.
Il l’admire sans bruit, il ne veut pas, il ne peut pas rentrer dans sa bulle, il ne sait même pas si elle le voit, si elle l’entend, comment rentrer dans son monde, il voudrait frapper à sa porte sans vouloir la déranger, sans vouloir lui blesser l’âme.
Elle ne se faisait pas d’illusions, ses mains n’étaient plus ce qu’elles avaient été, vives et enjouées, multipliant les tâches quotidiennes, frappant fort la satisfaction ou les levant haut en désapprobation, maintenant transparentes sous leur peau devenue si fine plus personne n’osait les lui toucher, alors elle les rêvait audacieuses entre d’autres mains liées à jamais.
Il ne veut pas la déranger, il la sent infiniment perdue dans ses idées, et pourtant s’il osait simplement poser ses mains sur les siennes, une douceur, une caresse, déchirer le voile qui les sépare, créer l’éphémère des mains liées où ils se retrouveraient au-delà des années, s’il osait.
Quelle douceur dans ce texte ! Ainsi marchons-nous cloisonnés dans nos pensées. Merci, Marie !
Merci à toi Helena pour ta lecture bienveillante et attentive.
Heureuse de tes mots.
Touchée en plein coeur par l’émotion qui se dégage de vos mots Marie.
« alors elle les rêvait audacieuses entre d’autres mains liées à jamais. »
comme tout ça me parle profondément !
Peur de la toucher, de la casser… beau texte !