#anthologie #16 | la chair est fiable

Il est. Difficile, de commencer, trouver les mots, si l’on y pense, si on ne se laisse pas aller à une pente naturelle, de s’emparer, comme ça nous chante – des premiers sons qui viennent, si facilement qu’on les nommerait naturels, vrais, authentiques, ou d’une manière idiote, les miens les tiens les leurs les notres. 

Elle est. Cette bizarrerie, cette étrangeté, la nouveauté, attirante, mais qu’on redoute, tant elle est neuve, nouvelle, inédite, attirante et tellement effrayante aussitôt qu’on se trouve face à face. 

Vous voilà donc timide d’un seul coup- quelque chose dans l’air le dit- ceci expliqerait tout- et bien sûr ça fait longtemps, si longtemps que l’impression d’être nu, singulier, expulsé d’un faisceau d’apparences, ça vous rend muet, stupéfié, viande muette en bloc, mais tabassée, frappée de stupeur, attendrie. 

deux statues de viande s’efforçant soudain l’une à l’autre, une tentative en dehors des clous, des crochets , un face à face, deux parties d’une même matière le pile et face se considèrant, se toisant, avant de s’étreindre- tout à coup- haine -amour- musique-bruit. La chair est fiable.

A propos de Patrick B.

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