Elle le regarde en face mais sans le voir. Assise devant une grenadine, elle porte une longue robe verte et un foulard bien serré autour de son visage jeune et plein. Il ne sait pas comment faire avec ses yeux qui fuient. Des yeux qui ne semblent pas apeurés pourtant ; des yeux seulement fuyants, comme si il lui était impossible de soutenir un regard, le sien. Elle parle avec volubilité. La spontanéité avec laquelle elle dévoile ses envies l’étonne. Elle veut qu’on l’écoute, elle veut qu’on s’occupe d’elle, elle veut « faire des choses », elle veut avoir des amis. Elle ose exprimer ce qu’elle désire mais elle ne le regarde pas. Sans l’appui du regard, le voilà qui se perd à son tour. Il ne sait pas quoi faire de ces demandes qui ne sont pas confirmées par l’échange muet d’un coup d’œil. De ces demandes qui se perdent en chemin sans être adressés du regard. Alors il répète les mêmes questions générales. « Qu’est-ce que vous attendez de cette rencontre ? ». Et elle de répéter la même antienne : « qu’on m’écoute et qu’on s’occupe de moi ». Lui, si soucieux habituellement d’être à l’écoute, se sent démuni et essaie de maitrise l’agacement qui monte en lui. Il ne parvient pas à creuser ces attentes flottantes qui à peine esquissées, se dissipent des escarbilles. Ca n’avance pas. Ils conviennent de se revoir pourtant, embarrassés de n’avoir pas su « établir les bases d’une relation de confiance » Il notera sur son carnet cette formule laconique: « personnalité insaisissable ».
Un commentaire à propos de “#anthologie #16 | insaisissable”
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
joli!