Elle est mal assise sur une chaise en plastique coque. Si elle redresse le buste ses reins cambrés creusent l’espace entre son dos et le dossier de la chaise. C’est inconfortable. Sinon elle s’affaisse. Elle est affaissée, un livre sur les genoux qu’elle essaie de lire. Apeirogon de Colum McCann.
Elle est allongée sur un matelas pneumatique pompant l’air confortablement. Sa bouche avale l’oxygène comme la carpe. Le flacon suspendu au-dessus du lit chuinte. Elle voit des feuilles de papier tomber du plafond.
Elle imagine à quoi ça doit ressembler les dalles du faux-plafond fuyant vers l’autre rive. Ça doit ressembler à ça. Elle s’agite sur sa chaise, décolle son postérieur du plastique dur. Du regard elle enveloppe le corps alité devant elle. Ce qui se joue là sous ses yeux impuissants. La parole manque. Ses pensées s’ankylosent.
A elle, son esprit reste vif. Elle dit Ils continuent de se battre. Elle a bien dit Ils continuent de se battre. Les médecins ? alors que tout en elle sauf la mémoire fout le camp ? Elle articule Les Juifs et les Arabes. Son Dieu l’aura déçue. Dans un dernier souffle son désarroi murmuré.
Elle imagine à quoi ça doit ressembler les dalles du faux-plafond fuyant vers l’autre rive.
c’est très beau.
Touchée par votre texte à l’écriture tenue. Merci.
Touchée par la dignité des personnages, et la sobriété de l’écriture. Merci Cécile!