Les mots manquent, on se replie sur la compréhension magique, indéniable qui permettrait de communiquer sans mots… Tu vois ce que je veux dire ?… Comment nier ? Comment trahir la confiance, le haut degré d’entente tacite qu’on vous accorde ? Tu vois ce que je veux dire ? Je ne suis pas sûre… je vois peut-être… je vois sans doute… mais finalement je préfèrerais les mots que tu choisis pour le dire… je veux entendre tes mots… je veux que la réalité existe par ta parole… je ne veux pas d’une vision… une vision magique… même si cette vision nous installe dans la même bulle fragile… dans une complicité entendue… Non, je ne vois pas ce que tu veux dire… Tu peux expliquer ?… Est-ce qu’on trahirait ? Est-ce qu’on trompe la confiance ? Et l’inconfort que l’on ressent parfois d’avoir toujours besoin des mots… d’exiger un contexte précis… de ne pas se contenter de quelques bribes… des mots justes… qui délimitent… et que le réel prenne forme dans la langue.