« Tu vas au cinéma ? »… La moquette, le confort crasseux des sièges… « Tu vas au cinéma ? »… « Une, deux fois par semaine »… Rien que pour l’imaginaire des logos de boîtes de production… Depuis les écrans individuels, une autre saveur, une autre valeur dans la question ; celle de l’emploi du temps, du rapport à l’inconfort du collectif, peut-être… « Tu vas au cinéma ? »… Les problèmes qui s’estompent… « Tu vas au cinéma ? »… Les perles affreuses, les joyaux… « J’aime autant y aller seul qu’accompagné, ce sont comme deux activités bien distinctes »… Combien de films ne peuvent exister que dans ces conditions ? Je pense aux mauvaises traductions des bons livres de SF… « Tu vas au cinéma ? »… Pour la marche qui s’ensuit, pour le voyage et la nourriture, pour ouater les fins de journée… « Le plus beau, c’est en été. Lorsque le jour tombe à peine et que la chaleur tourne encore en haut des escaliers »… Parfois, le réalisateur, les acteurs parlent. Parfois, je ne peux plus parler. Presque toujours, cette envie de faire partie de la danse. « Tu vas au cinéma ? »… Les corps, les rues, la pluie, la nuit, la neige, lumière, les monstres… Photographie, peinture, musique, poésie… La pellicule technique qui épouse la peau… « Il y a eu des dinosaures, des noces funèbres, des signes dans des champs et la reine d’Angleterre. Je garde tous mes tickets depuis l’université. L’enveloppe a un poids rassurant. »