« Et toi alors, quoi de neuf ? » La discussion prend un autre tour, chacun son tour dans la discussion, l’attention qui se braque sur une autre cible, une cible qui se tenait dans l’ombre, en mode écoute … Le silence, un silence un peu trop suspect, le silence de celui qui n’aurait rien à raconter ? … le tenter ce « rien » ? … « Et toi alors, quoi de neuf ? » Eh bien rien … enfin pas vraiment rien, juste rien que je n’aurais envie de raconter là maintenant après cette question … pourtant il faut bien y répondre à la question, ce serait une marque d’impolitesse que de ne pas y répondre, ne pas y répondre se serait rompre la chaîne de la réciprocité, se condamner soi-même à l’anonymat et condamner la parole de l’autre qui lui a déversé son quoi-de-neuf en croyant bien faire, en croyant que c’était nécessaire, que c’était ainsi qu’on menait une discussion entre amis, d’abord on dit ce qu’il y a dans sa vie, puis l’autre dit ce qu’il y a dans sa vie, depuis la dernière fois que l’on s’est vu … « Rien de neuf. » Ce serait un mensonge en plus, évidemment que depuis du vécu s’est produit … l’autre le sentirait bien qu’il n’est pas dans la confidence, qu’on ne veut pas lui confier ce qui est … Que confier ? Qu’est-ce qui est dicible ? … Qu’est-ce qui est entendable ? … « Et toi alors, quoi de neuf ? » … Peut-être que la meilleure réponse serait quelque chose de l’ordre de « Qu’est-ce que tu veux savoir de moi ? » … question cruelle, l’autre ne saurait y répondre, et peut-être même qu’il se rendrait compte qu’il ne veut pas savoir grand-chose, que la question polie ne détenait aucune curiosité en son sein … « Et toi alors ? » Il s’est bien passé quelque chose juste avant notre échange, quelque chose d’important, de douloureux, d’intime, c’est cela dont il faudrait parler maintenant … et pourtant ce n’est pas une réponse à cette question.