Fendez le bois, chauffez le four, dormez la belle, il n’est point jour… paroles d’une Claire Fontaine qui n’a rien d’enfantin… que sait-on des amours refusées et perdues… ne pas entreprendre le voyage de la Chine, le refuser passivement… j’ai perdu mon amie sans l’avoir mérité, mais de quoi fallait-il être sûre… être l’amie d’un voyage lointain, complexe… la carte multicolore est ouverte sur la table, l’immense carte de la Chine… on pourrait en retrouver la surface, format A1, soixante centimètres sur quatre-vingt ou quelque chose d’approchant… les points rouges marqués et le nom des villes… fais ton passeport, on partira l’an prochain… être ou ne pas être téméraire, devenir la voyageuse entreprenante… la surface de mon voyage est celle d’une carte plus modeste… moins de mystère m’aurait suffit, la fausse familiarité avec un pays plus proche et aurai-je gardé mon amie… il y a dans les amitiés tourmentées, une part d’emprise… chante rossignol… le chant nocturne de l’oiseau module l’histoire des séductions, des belles paroles, des attirances… chante rossignol chante, toi qui a le coeur gai… l’amie a le coeur triste, un coeur en hiver qui cherche et attend le soleil, il s’effrite dans la grisaille, il ralentit, perd ce qui l’anime, en manque de la joie de l’été, de la chaleur… je ne sais rien du climat de la Chine en été… y trouve-t-on le soleil… l’amie propose le voyage au détour d’une phrase alors que le pays s’ouvre à peine, que les premiers touristes commencent à s’y rendre avec curiosité, que les gens du pays n’ont pas vu d’étrangers ou presque depuis des dizaines d’années, que les campagnes sont isolées, les villes anciennes encore debout, le pays s’ouvre et reprend le fil d’un développement auquel il avait renoncé… je voudrais que la rose… un simple Oui… un billet, de l’argent et du temps, un peu de courage, la capacité à dire Je pars, gardez l’enfant jusqu’à mon retour… chaque jour choisir la destination, la nourriture, le rapport aux gens et aux choses… se fondre, attentive faire des essais, des erreurs, assumer l’inconfort, ressentir la peur sans s’y arrêter… mon amie aime cette femme-là, d’être une autre je la perds. Et puis un jour elle est malade…
C’est très beau, tristesse de la comptine pas enfantine qui se mêle et fait un fil, les regrets, la proposition trouve son sens avec votre texte.
Merci Isabelle, de la lecture, et du ressenti.
Un texte étrange qui me promène de l’univers du conte à l’exigence de l’amitié, à l’impossibilité d’y répondre… je ne sais pas ce que je comprends, je sais que j’aime ce que je lis !
déchirant … que dire d’autres (que le texte répond en outre à la proposition mais avec ce plus)