« S’il s’agissait de moi, ça pourrait l’faire, mais vous avez choisi Martin, alors, ça va pas l’faire, je me demande même si je ne vais pas en parler au syndicat ».
Un premier sens, il s’agit de ne pas confondre les personnes, avec l’une, cela pourrait marcher (fonctionner, faire l’affaire, réussir…), avec une autre, non. Mais que se cache-t-il derrière ? Qualification, amitié, physique, corruption ? De toute façon, après une sanction aussi définitive, impossible retour en arrière.
« Si on prend le 10h30, ça va pas le faire, on sera en retard », les choses sont claires, la condition à respecter est sous entendue : être à l’heure.
« Révise tes maths, entraîne-toi, autrement, ça va pas l’faire ». Un examen, une composition, le passage en terminale à Louis-le-Grand, ou tout simplement un manque, un trou dans la culture générale de l’honnête citoyen.
En politique aussi, ça l’fait ou non, les sondages, les pourcentages annoncés, les mots d’ordre des états-majors, les « éléments de langage » diffusés ad nauseam par les media nous font avaler bien des couleuvres, « ils sont aux portes du pouvoir », alors, « ça l’fait ou ça l’fait pas » comme chanterait aujourd’hui M. Zanini.
« tu n’oubliera pas d’aller chez le coiffeur, samedi tu dois être nickel-chrome ». Coiffé, tondu, rasé de près, je rentre à la maison en me demandant si, pour une fois, « ça l’fait », si la table périodique des éléments confirme l’association des numéros 28 et 24.
A peine si je m’étonne d’être considéré « en mode parachutiste » par mes filles alors que si je dépasse les 8h du matin au réveil, je suis « en mode grass’mat’ » ; je peux être en mode « théâtre » parce que je vais au festival d’Avignon, en mode « rugby » si je regarde le TOP 14, « en mode bof » si c’est le foot. Je ne parviens pas à déterminer le genre de ce mot, mode, s’agit-il de la mode, « tiens, tu es en mode printemps… », ou du mode, au sens grammatical ? Difficile de se prononcer, difficile à prononcer quand tous les neurones s’y refusent. Je lance à Juliette « aujourd’hui, tu es en mode fatiguée », j’entends la réponse, sèche et sans appel « Papouchko, ça l’fait pas, n’essaie même pas ».
Je m’étais pourtant vite débarrassé des « au niveau de… » auxquels semble s’être substitué « en terme(s) de… », un peu plus léger, mais tout aussi agaçant, tout aussi polysémique, créant, entretenant un flou pas du tout artistique auquel « en mode » va probablement damer le pion.
Une véritable course contre la montre pour mon cœur fatigué, mais après tout, « mon bon monsieur », tant que « ça l’fait… »
.. cette expression me rend… comment dire…. me fatigue dans les conversations , merci de l’avoir évoqué ainsi, ce verbe faire pourtant si important en devient ridicule, merci beaucoup!!