#anthologie #14 | pas si compliqué

Ça pourra te paraître un peu compliqué la première fois a dit le fils en tendant la boîte vers lui ( est ce qu’il y attachait tant d’importance, il voulait simplement, je crois, se réconcilier ) ; il faisait beau pour un dimanche, plein soleil. Il suffit de jouer le jeu et tu verras ce n’est pas si compliqué, a dit la mère qui ne pouvait pas s’empêcher – elle voulait toujours arranger ce qui finissait par embrouiller; elle était en tailleur bleu ce qui ne veut rien dire en soi sinon qu’elle s’apprêtait à sortir, elle aurait d’ailleurs dû être partie: j’ai essayé une fois, c’est un peu surprenant peut-être, mais pas si compliqué, surtout instructif, un peu comme… « Tu n’y vas pas », a demandé le fils… à toi ça pourra sembler un peu spécial, a poursuivi la mère en rangeant ses clés dans son sac, elle sortait pour les petits gâteaux commandés la veille. Le chat n’avait pas bougé une oreille, posé comme un chapeau sur un lit – ce qui porte malheur d’après la mère qui ne passait jamais le sel de la main à la main–, ici les genoux du père et il semblait dormir. Le père était tourné vers la fenêtre et regardait la rue vide de onze heures. On peut y jouer seul, c’est l’avantage, à deux aussi, au-delà ça se complique, a repris le fils, il avait encore le paquet à la main, il a ouvert la porte en grand pour inviter la mère à sortir; l’air s’est engouffré avec le bruit, derrière la haie on tapait avec un maillet la mère a franchit le seuil, en direction des bégonias, après il faut tourner à droite pour sortir : en semaine. Le bruit s’est amplifié. Alors le père s’est levé il a pris son fusil et il a tiré : tu vois a dit le père, ce n’était pas si compliqué.

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

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