« T’es malaisant » … Mes tripes se tordent. Ça oscille entre la morgue et l’envie de sévices. Parfois, la pitié prend même le dessus et j’en viens à espérer ne pas t’avoir infligé ce que tu cherches à décrire ici.
« T’es malaisant » … Bon. Eh bien j’imagine que c’est ton ultime argument. On peut considérer le débat comme clos.
« T’es malaisant » … Cela touche à la fois à mon corps, à mes sucs, à mon odeur, à mon aura, à ma posture — celle de mon être, celle de mon esprit —, à ce que j’incarne, à ce que je cherche à faire miroiter ; à ce que je suis en somme, dans toutes les acceptions possibles. Et je ne peux pas vraiment discerner ce que tu cherches à pointer. L’arme parfaite. Le Diable. L’impression de prendre un coup de poignard empoisonné. Tout de suite, le souvenir de comment un mot peut puiser bien plus profondément les larmes que l’égratignement d’un genou, même lorsque du sang noir, lourd et chaud coule le long de la jambe.
« T’es malaisant » … Et voilà que même lui, tout timide, tout gentil, s’y met. Sauf que l’expression le mange tout cru. Il le sent, il le sait. Il voit la vague grossir sur l’horizon.
« T’es malaisant » … L’Académie française tranche net pour éviter la gangrène. À l’avenir, on évitera de recourir à **l’adjectif malaisant, que l’on entend aujourd’hui assez fréquemment, puisque de nombreux adjectifs ou locutions, bien ancrés dans la langue, peuvent déjà traduire cette idée. Silence gênant, embarrassant. Cet homme met tout le monde mal à l’aise.