Je suis à la bourre… pas le temps, pas l’espace, pas l’inspiration, pas, rien du tout… Je vais laisser tomber… respirer un grand coup loin de la feuille blanche… la lavande est en fleurs, les cigales se sont réveillées… les figues, ah les figues ! Le mistral balaie la canopée de chênes verts… je vais me vautrer dans la paresse au soleil, me rouler dans l’herbe déjà allongée de l’été… ne rien faire et ne faire rien… Non mais je rigole !
Il n’y a qu’à assainir la situation… prendre en compte les difficultés… aborder le vide autrement…par la couleur et ses odeurs… par la matière organique… créer un appel d’air… prendre le contrepied… le contrepied de quoi ? Prendre le contrepied, agir, réagir et se brûler les ailes… Non, mais je rigole !
Rattraper le retard et retrouver un tempo qui swingue, qui ac-croche deux heures par jour à la gamme des grandes occasions ainsi recréées. Puiser dans la bibliothèque les mots qui m’échappent, s’envolent et s’évadent par les fenêtres ouvertes sur un monde avare de mots capables de relier. Écrire le jour, écrire la nuit, jusqu’à épuisement du retard. Non mais je rigole !
C’est fini le temps où je pouvais accélérer, me presser, me bousculer. Le temps va de plus en plus vite. Mais moi, non. Et ça me convient. J’aime cette lenteur. Une consigne par jour, tandis que la nature exhale les fragrances les plus enivrantes de l’année, c’est trop ! Non mais je rigole !
Une solution… prendre un écrivain fantôme quand je suis charrette… Non mais je rigole !
Non mais je rigole, formidable expression! Et l’appel des cigales c’est sérieux! Non mais! Merci Claudine pour cette belle lecture du matin!
C’est tellement ça! Je vais laisser tomber… respirer un grand coup loin de la feuille blanche… la lavande est en fleurs, les cigales se sont réveillées… mais oui la lavande, j’en ai cueilli hier, elle est en avance cette année dans nos contrées du nord. Merci Claudine pour l’humour et la justesse.