La maison est tranquille, sur le balcon une femme étend du linge en regardant le passage sur la droite où passent tous les enfants ou presque le matin pour entrer à l’école et au collège, ceux de l’école pépient comme le merle encore plutôt dans le matin, ils parlent fort et rient souvent, ceux du collège sont plus sérieux et vont par trois ou quatre dans de grandes discussions, parfois ils lèvent la tête et lui font un petit signe, le matin ils ne sont pas spécialement pressés mais passent tous à la même heure. Sauf pendant les petites vacances où le silence devient étonnant, et pendant les grandes où il devient presque insupportable tant le plaisir est grand de les voir passer, repasser, se chamailler, discuter et parfois pleurer pour les plus petits, on les voit s’arrêter pour un papillon, pour un brin d’herbe ou pour une cueillette de pissenlits le long du chemin. Dans les jardin sur la gauche, la droite et en face, les coupe-fils ont commencé leur bruit lancinant, il y en a bien pour deux heures entrecoupés de longs temps morts, les jardiniers ou simplement les habitants ont du travail surtout les années pluvieuses ils nettoient leurs outils, les allées, vont et viennent pour arroser, prendre un outil, retourner sur leurs pas et revenir avec un sécateur ou une bêche, ils ont tout leur temps. Face au balcon, on est pourtant en ville, mais les arbres sont nombreux entourés de maisons de petits immeubles, de l’église, un grand marronnier au printemps plein de fleurs montantes, et là déjà toutes ses feuilles bien étalées, un hêtre immense rempli d’oiseaux des tout petits, des mésanges charbonnières, des serins, des moineaux, des merles au bec jaune, des pinsons, des fauvettes, des rouge-gorge, une grive, et les martinets au ventre noir, pas des hirondelles qui ont le ventre blanc, pour les plus gros ce sont des tourterelles leur chant toujours fidèle mais si chagrin, et des pies, elles se font la guerre, défendent leur territoire, ou s’amusent, pas de corneille ou corbeaux pas de perdrix, corneilles et corbeaux c’est en hiver, perdrix c’est pour les champs. Un hêtre plus petit, un fils du premier sûrement, il n’est pas venu tout seul, encombré par du lierre qui monte et s’enroule tout autour du tronc le faisant doubler de volume. Un sureau lui aussi venu par les airs ils sont nombreux dans le coin, avec ses fleurs blanches en éventail dont on fait le fameux vin de sureau doux et délicieux. Puis le noisetier, plutôt arbre des prés et des bois ou souvent au bord des petits chemins de campagne, et le lilas aux fleurs si vite fanées. Les arbres sont très silencieux à peine entend-on un friselis lorsque le vent se lève. ce n’est pas le cas de l’autoroute si proche, un défilé continuel de voitures camions motos, on est en ville.