Qu’est-ce que tu regardes, tu vois bien qu’il n’y a rien à voir, elle ne répond pas, ne quitte pas la fenêtre, elle voit défiler ce qui était sa vie avant, l’embauche des vendangeurs, le va-et-vient du tombereau derrière le tracteur, le tas de râpes à droite de la cour, son odeur dont elle aime s’enivrer, le tombereau qui déverse en bascule sa récolte de raisins, le chien affolé, les dernières fleurs des rosiers sur la façade, la bignone grimpante au feuillage vert foncé et aux fleurs orange en forme de trompette qui s’invite chez le voisin,, la sapinette qui ne grandit pas, les voitures qui sans cesse arrachent son regard à la vraie vie, la nationale 10 n’est pas loin, camions et voitures roulent en un convoi incessant, elle se rappelle d’avant où seuls les vélos et engins agricoles étaient moyens de locomotion, les enfants reviennent de l’école, les vendangeurs débauchent, posent paniers et sécateurs au bout des rangs de vignes, c’est l’heure du repas, dans la cuisine c’est l’effervescence, 20 personnes à table c’est du travail, on a rajouté des tables et des chaises, on parle fort en français, en patois charentais, en espagnol, au dessert on goute le mou le jus de raisin juste coulé de la presse en mangeant les marrons, on rit. Elle rit aussi, il y a tant de choses à voir de sa fenêtre.
Touchée par ces 1309! Comment elle regarde sa vie d’avant par la fenêtre… toute cette activité des temps des vendanges.. Merci !