#anthologie #12 | Paris, Douvres, Sarajevo

Juste éveillés, les rêves encore tout près, à la lisière du réel, on se presse dans le couloir, valises contre les jambes Bruit des freins descendre les marches en fer Le quai Des familles, enfants endormis dans les bras, beaucoup de familles, beaucoup d’enfants quand on se croyait seuls isolés dans notre couchette Long quai gare inhabituelle Austerlitz Matin d’hiver Ce n’est pas encore la foule mais déjà les grands espaces, le bout du quai si loin, des voyageurs pressés, des employées de la gare, des chariots. 

On rêve d’aéroglisseur, pour l’exotisme du mot, sa nouveauté, on est sur un bateau. Dans la cale, voiture et caravane sont enfermées. Des rangées de sièges en plastique. Une vitre en Plexiglas protège en partie les voyageurs du froid .Une main tendue, un doigt qui vise, un mot. Douvres. Une masse claire comme une montagne, une montagne étêtée, l’humidité, la brume qui rend le paysage fantomatique, un mot associé, un son qui sait. Corne de brume. 

A travers la vitre du train, des voitures d’une autre époque, telles celles en fer et plastique dont on se sert dans un jeu de société, tout comme il y a de faux billets, plus petits que la normale, on y joue avec des voitures miniatures au formes simplistes. Des rues sans trottoir des maisons éparses, les couleurs sent ternes.  Du gris,  du gris vert, du blanc sale, blanc cassé, gris blanc. Pas de rue, ce sont des rues pourtant mais sans lampadaire, sans trottoir, sans asphalte, sans signalétique. Pauvreté. Pas celle d’un quartier on comprend, trop homogène. Matérialisation du rideau de fer. Le train ne s’arrête que quelques secondes. Sarajevo

A propos de Betty Gomez

Lire certes, mais écrire...

Laisser un commentaire