Berlin
Elle m’est complètement inconnue – durant les années de 4° et 3° j’avais opté en deuxième langue pour l’allemand – seconde aussi – un peu comme pour la musique que je n’ai cependant jamais apprise, il s’agissait de prendre les devants – il y eut en seconde un voyage organisé vers une ville nommée Görlitz, c’était en république démocratique – de l’autre côté (la ville dans laquelle je vivais était d’obédience (disons) communiste) un mois ou quelques semaines, je ne sais plus mais je n’y fus point : la rubéole m’en empêcha – ce m’était complètement aveugle : l’apprentissage de la langue, celui de la musique m’a aujourd’hui un goût particulier – entendu parler de la Spree mais pas de la Havel – une île qu’on survole avant d’atterrir – l’aéroport ou gare a pour nom Willy Brandt, un chancelier de l’époque (décédé en 1992) –
Eiswerder est un îlot sur la Havel, au nord de la citadelle de Spandau à Berlin-Hakenfelde en Allemagne. D'une superficie de 14 hectares, il est accessible par deux ponts qui rejoignent les rives occidentale et orientale de la Havel.
wiki
Il s’agit d’une espèce de décor : la scène est semblable – dans cette ville-là, que les puissances vainqueures se sont partagées après guerre – où elles érigèrent un mur – il faudrait chercher mais ce n’est pas le lieu – s’ébattaient des jeunes gens, au sein d’un groupe, une fraction aux idéaux supérieurs – il n’est pas question de porter quelque jugement que ce soit sur leurs agissements, mais ils étaient antérieurs à ceux décrits ici – on avait enlevé un responsable du patronat, le 5 septembre 1977, on avait demandé une rançon, laquelle fut ignorée (on empêcha la famille de la payer) : c’est pourquoi il fut abattu – (il avait fait partie des jeunesse hitlériennes mais personne n’est parfait, puis devenu nazi notoire) 4 balles dans la tête on mit son corps dans le coffre d’une auto (une ford il me semble me souvenir) et on l’abandonna à Mulhouse – idem pour le mode opératoire, idem pour la fin – le type n’était en rien lié aux États-Unis (sinon par l’idéologie capitaliste) non plus qu’à la Russie (qui, alors était une union de républiques – socialistes, qui plus est soviétiques) – son corps fut retrouvé en octobre 1977, le 19 – dans les jours qui précédaient, les membres incarcérés de la Fraction Armée rouge (RAF :Rote Armée Fraction) furent retrouvés suicidés dans leurs cellules – nommons les : Andreas Baader, Gudrun Ensslin, la compagne de Baader, et Jan-Carl Raspe, Bien d’autres guerilleros furent abattus par les forces de police durant ce qu’on nomma l’automne allemand. Sans doute faut-il aussi se souvenir de faits concomitants : on peut citer, entre beaucoup d’autres du même type de violence exacerbée, le détournement de l’avion de la Lufthansa (vol 181, compagnie aérienne nationale allemande – de l’ouest) et le meurtre de son pilote, (citons-le aussi) Jurgen Schumann dont le corps est jeté sur le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio (Somalie) (détournement et assassinat perpétré par des membres du Front populaire de libération de la Palestine) via Rome, Larnaca (Chypre) et d’autres escales encore, qui s’est mal terminé pour les détourneurs
Paris
La ceinture rouge – je préfère y arriver par Orly – la ville au loin – le truc s’appellera Action directe – je pense souvent à ce couple de jeunes gens qui tuèrent et furent tués (lui seulement si mes souvenirs – ça n’a aucun rapport, c’est juste Paris : Rey-Maupin) –
il s’agira, mais plus tard, d’assassiner des patrons d’entreprise – par exemple Georges Besse, en 1986, pédégé de Renault (passée en régie au début de 1945 pour cause de collaboration avec l’ennemi), en pleine rue (boulevard Edgar Quinet, en bas de chez lui), le commando qui l’abattu portait le nom de Pierre Overney, jeune étudiant abattu de sang froid devant les usines Renault de Billancourt, en 1972, par un type du service d’ordre, Jean-Antoine Tramoni, lui aussi abattu à Limeil-Brévannes (94) non loin de son domicile – il y a des personnes et il y a des noms propres comme on dit qui résonnent encore, comme cet autre Salvador Puig I Antich, le dernier mis à mort le 2 mars 1974, au garrot par le franquisme et son abject caudillo – des hommes et des femmes qui croient en quelque chose qui devrait advenir par les armes le sang la violence : ce n’est juste qu’une croyance parmi d’autres
Rome
non loin de là, se trouve la plage d’Ostia – on prend le 23 pour y aller, on part de la pyramide : Anna Laura Braghetti le prendra pour aller chercher du sable qui sera mis dans les poches et les revers du pantalon d’Aldo Moro pour égarer les recherches – quand tout sera fini – j’ai l’impression, le sentiment que Mario Moretti prend l’autobus comme Lino Ventura le prenait dans l’armée des Ombres et tant d’autres films – je sais qu’il prenait le train) il est là dans le couloir, et accoudé fume une cigarette – on prend moins de risques en transports en commun – la fenêtre est ouverte, il arrive – la nuit – le passe-montagne les faux papiers les armes tout ça est ailleurs lui coordonne – ils s’intitulent « colonne » ce sont des groupes sans doute par ironie sur la cinquième colonne ou ce genre de chose, ils sont sérieux mais aiment à vaguement se moquer de ce monde on apprend de Mario Moretti qu’il est technicien en électricité, du côté de Turin ou de Gênes – je dois tenter d’être précis – chez sit siemens – il voit les ouvriers (lui n’en est pas) qui viennent du sud, les conditions de travail, les conditions d’embauche, les conditions de vie – le travail salarié – le sud du pays d’où est originaire Aldo Moro – Aldo le Maure – sans doute m’y suis-je attaché, ainsi que Mario Moretti, sous sa cagoule noire quand il l’interroge – le train entre en gare, il descend, sort, dans la gare, devant la gare, dans les rues, les carabiniers sont partout et ne parviennent à rien, c’est le quatorze avril au soir et la sentence est tombée : ce sera la mort. Le lendemain, il l’annonce au président et celui-ci restera muet muré pendant deux jours.
Je te lis, je découvre un tas de détails… et oui, Rey-Maupin, je m’en souviens !