Pas question à Durban d’aller à pied. Le taxi attend devant le restaurant. Il nous pose dans l’enceinte de l’hôtel. Les rues sombres (Durban n’existe que la nuit) défilent sous nos yeux fatigués. Des grilles fermées, du fil de fer barbelé dressé autour des habitations, la ville semble faite uniquement de murs. Le taxi évite les nids de poule, tourne à angle droit, nous perd dans un labyrinthe gris sans fin qui par miracle se termine dans cette chambre simple où nous étions arrivés ce matin et d’où nous repartirons demain.
Paris n’a pas de fin. Il y a des maisons partout (l’enfant n’a pas les mots pour dire des bâtiments plus grands que des maisons) et il n’y a pas de champ au bout, même pas de montagne à l’horizon pour arrêter la ville. On est monté à pied et on regarde. On ne voit pas la Tour Eiffel, bien sûr, puisqu’on est dessus, mais on avait cru que Paris c’était ça, cette tour de fer et quelques maisons autour, alors que c’est si grand qu’on n’en voit pas le bout et qu’on n’en revient pas qu’il puisse y avoir des lieux comme ça, sans la nature autour.
Des voitures, des vélos, des scooters, à n’en plus finir, tous à l’arrêt et au bout ces trois gratte-ciels en forme d’œuf où on doit aller mais qui restent si loin pour les passagers coincés dans ce car à Pékin. Pas question d’ouvrir la vitre. L’air est irrespirable. On voit de haut les cages à volailles, les pousse-pousse (même s’il y en a bien moins que ce qu’on pensait) et les voitures, les innombrables voitures qui mangent la ville, comme si Pékin n’était qu’un immense circuit automobile avec en dedans des immeubles désaffectés.