Aéroport de Delhi. Une heure du matin, le turban bleu clair du chauffeur de taxi. Un collier d’oeillets d’Inde desséchéspend au rétroviseur. Sur la voie rapide, peu de voitures, des camions, couleurs vives, festons, cabines de conduite illuminées en rouge, un pot d’échappement maquillé en pis de vache rose et jaune. On arrive dans un quartier désert. Le chauffeur cherche l’hôtel. Sur des planches qui doivent servir d’étal, des hommes dorment, couchés sur le côté comme pour tenir le moins de place possible. Devant une banque, un homme assis sur une chaise veille. Une meute de chien parcourt la rue, les crocs déchiquettent les sacs plastique, fouillent les détritus trainant sur les trottoirs de terre battue, boue, ornières et flaques grasses.
Le Brahmapoutre serpente dans la plaine. L’avion nous déverse sur le tarmac brûlant. La climatisation du taxi souffle un air glacé. Un barrage à l’entrée du Saraighat Bridge, les militaires vérifient le coffre, m’indiquent que je ne dois pas prendre de photo.L’air m’étouffe dans la minuscule chambre. Le ventilateur au dessus du lit brasse une humidité chaude. J’applique une serviette mouillée sur mon visage, vais à la fenêtre. Le noir de la nuit, l’immobilité du bananier de la cour, pas un souffle, rien à respirer au dehors, première nuit dans cette ville de l’Assam, Guwahati.
Dans la nuit, l’avion survole la baie de La Havane. Il décrit de grands cercles au dessus de l’océan. Dans le même ciel, d’autres avions tournent. Il n’y a plus d’électricité pour illuminer les pistes.