#anthologie #11 | tango

… vient l’envie de racheter la maison de mon enfance mais pour quoi en faire pensée vaine Nous prenions un pont transbordeur nacelle suspendue à une structure d’acier qui faisait aller retour au dessus de l’eau j’ai souvenir d’attentes longues Sur la route la pancarte et le château de saint jean d’angle m’envoient à acco enfant j’étais loin d’imaginer saint jean d’acre et soudain les lumières de la ville semblant de chaleur après la route froide rues désertes d’un soir d’hiver J’arrive à l’heure du dernier bac derniers camions derniers commerçants les lumières de l’embarcadère bougent au rythme lent de l’océan déjà presque estuaire je gare la voiture dans l’immense cale monte m’asseoir dans le salon vitré d’où je regarde l’eau sombre bordée par les étincelles de saint georges et bientôt de la jetée qui protège le port Au sortir du bateau la petite ville où tu aurais voulu tenir à ta retraite une petite épicerie mais tu n‘es plus là j’ouvre la fenêtre je crie ton nom je braille elle est d’ailleurs dans le silence de la nuit comme romain duris dans le règne animal la lame de terre à droite trop loin pour même imaginer l’océan et la plage du début de notre amour fracassé Traverser la forêt en allant vers la mer serait le plus simple mais je préfère passer par la terre souvenir de la route qui longe la voie ferrée celle qu’une fois j’ai prise pour venir un quinze aout tant de solitude à paris l’arrivée surprise et vous comme si de rien n’était comme si vous m’attendiez comme si vous aviez su que la vie m’était difficile malgré ce que je vous ce que je me racontais j’étais empli de gratitude que je vous avais déniée jusque là La rue où nous marchions les jours de pluie privés de plage l’ombre de la petite église enfoncée dans le sable à peine découpée à contre nuit par les phares et après la montée sur la dune le reflet mouvant du phare de Cordouan C’est presque l’arrivée il me reste à redescendre pour retrouver la petite maison qui était ton refuge tu y passais tant de temps après la mort de ton amour et je réalise qu’elle se nomme Le tango c’était ton message dansez votre vie dansez au bal du quatorze juillet avec d’autres partenaires mais toujours le même mot d’ordre ne pas se laisser faire ne pas se laisser gâcher la vie Tu aurais ajouté to dance tango you need two hands pour serrer ta partenaire ça t’évitera de lever le poing danse danse oublie la nuit.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.