sortie du cinéma dans cette nuit électrique des villes acier-verre-béton Les dalles au sol sont propres, mais pas ici Je passai une ruelle où des hommes et des femmes étaient courbés à angle droit, contractions musculaires lues si terriblement douloureuses qu’elles obligent à la prise d’une autre dose lorsque la chimie se dissipe Je remarquai, avec au ventre la honte de l’avoir fait, des boules de vêtements au pied des murs, de la peau abimée, des billes en verre poli, des mouvements de fauves ; des futurs cadavres, juste posés là ; des vomissements, fesses à l’air La rue raidissait à mesure que je m’extirpais du caniveau Les pentes de San Francisco, ce n’est pas le trolley qui les marque, mais l’écoulement vers le fond de la vallée Les pupuserías se transmogriffent brusquement en épiceries biologiques, ce sont les distances américaines qui diluent l’appréciation Bloc après bloc, comme un enfant, je marchai un pas par carré Où dorment les voitures qui roulent toutes seules Attendant que le pictogramme m’invite à continuer, je vis des travailleurs se préparer — place conducteur — pour le sommeil La nuit, le colibri du jardin entre dans une torpeur hypothermique afin de conserver son énergie Je remontai Rhode Island, passant les pick-ups garés à la perpendiculaire Partout, des plans de films ; il n’y aurait qu’à poser la caméra Est-ce le cinéma qui a influencé l’architecture ou l’inverse En haut de la colline, c’était encore autre chose, comme si l’on avait tiré un tissu vert et incrusté un fond d’écran Apple Il est rare que je trouve des choses construites aujourd’hui belles à en couper le souffle Les racines des eucalyptus poussaient le bêton vers le ciel Au niveau du collet des immeubles, l’humus de la misère Dans la maison, moquette au sol, je bus un verre d’eau qu’il est dur de remplir tant ici les pentes sont raides Mon reflet dans la vitre Le colibri à quelques pas