Très vite ça s’était décidé Dans la voiture assise à côté de lui silencieuse Le silence s’est fait après les paroles la précipitation La nuit déjà la ville traversée L’autoroute L’autoroute comme une autoroute comme un rail Il y a peu de voitures peu de camions On salue les trois pins maritimes comme trois chefs apaches comme à chaque fois qu’on passe devant eux comme chaque fois qu’on prend cette autoroute Dans la nuit presque invisibles Seront-ils éveillés Ils ignorent notre venue Ne pas réfléchir se laisser porter Parler il a dit Le bruit de la voiture des roues du silence À quoi pense-t-il Foncer Ne pas penser Le panneau de la ville et les mots attendus énoncés comme à chaque fois Ceux d’une enfant du début du siècle Les dire ces mots les dire mécaniquement les dire superstitieusement les dire comme on rétrograde les dire comme les mains les pieds trouvent le levier de vitesse les pédales les dire comme les disait l’enfant les dire pour les faire continuer continuer une généalogie Déjà on sort de l’autoroute on traverse la ville Le Café Français Au premier étage ils habitaient l’enfant qui récitait la comptine longeait le fleuve pour rejoindre l’école L’imaginer l’enfant La maison des grands-parents cette peinture affreuse Imaginer le grand-père la découvrant Le marché-au-bois Deux soeurs entrent chez le buraliste des bonbons dans les poches À quoi pense-t-il On y va a-t-il dit Dorment-ils Et s’ils dormaient Vingt-deux heures marque la pendule de la voiture L’avenue et ses nids de poule qu’on prenait soin d’éviter à mobylette Tout dire déposer le secret qui étouffe Habitait ici un garçon qui jouait de l’orgue Peut-être n’a-t-il habité là qu’un été sinon comment expliquer qu’il ait disparu Cette descente que l’on descendait en planche à roulette avec des plots à contourner Gymkhana on disait Peut-on crever de parler De se taire La maison de C le cerisier Savoir la marche la hauteur de la poignée là où se baisser la fenêtre la lumière les chiens La rue La maison De la lumière à l’étage ouvrir avec la clef jaune La clef attachée par une ficelle mise autour du cou enfant La ferrure du portail abaissée pour y avoir souvent posé le pied Ils regardent la télévision n’entendent pas que l’on monte Surprise Ils ignorent ce qui va se jouer se dire ne pas vouloir s’entendre s’entendre quand même parce qu’ils doivent l’entendre parce qu’il a dit tu dois parler parce qu’il va parler
C’est très beau. Le trajet semble petit à petit mener à des révélations…
Merci Anh Mat. Ce texte prolonge celui de la consigne # 9.