… nuit noire Juste une façon de parler de dire qu’on rentre tard quand les autres dorment déjà au calme au chaud au sec Façon de raconter d’essayer de partager le sombre tout autour du bateau cette impression que le monde est tout entier contenu dans la coque de métal Comme rappel de tout le reste juste les cris des oiseaux juste le bruit des vagues du moteur qui bourdonne le murmure caressant de la coque sur la mer ou le battement d’un câble qui cogne la cadence Les lumières de la pêche sont rangées pour la route ne brillent plus que tranquilles les feux obligatoires allumés au-dessus du trépied qui garde les instruments Un feu rouge un feu vert pour bâbord et tribord un peu de blanc aussi par le clair des écrans et puis de la veilleuse pour que le capitaine comme toujours à la barre puisse se déplacer remplir le livre de bord et le cahier des prises sortir juste un moment pour échanger un mot avec nous sur le pont et voir si tout va bien remplir de café chaud les tasses refroidies par le froid du dehors On rentre au port les lumières de la ville ne faisaient qu’une seule lueur et se détachent maintenant en zones plus ou moins pâles Jusqu’à maintenant ce qui était plus clair c’était la crête des vagues le large pinceau du phare toutes les cinq secondes les moustaches du bateau les remous à l’arrière et en haut les étoiles en attendant le lever d’une moitié de lune Bientôt notre feu vert sur le vert de la jetée et puis notre feu rouge sur le rouge de la jetée les lumières des pontons l’enseigne de la criée On sera arrivés La nuit ne sera plus noire excepté pour celui qui fermera les yeux aux lampadaires du port et à ceux de la ville…
Un commentaire à propos de “#anthologie #11 | nuit noire”
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Beaucoup aimé cette imbrication d’images et de sensations qui, en son tout, fabrique une nuit qu’on croit seul avoir vécu