Comme me l’avait indiqué le chauffeur du petit bus j’ai crié « ici » un peu avant le tournant qu’il a négocié en ralentissant pour stopper une centaine de mètres après sa sortie là où s’interrompait le mur de clôture dont le crépi était rendu plus atroce d’avoir glissé avec le crépuscule vers un violine dénaturé juste avant un grand pin Ses racines soulevaient la terre poussiéreuse qui s’était creusée à ses pieds pour dessiner le sentier qui descendait vers la mer invisible Montait vers moi un mélange d’odeur d’écorces d’aiguilles chauffées et de senteur marine pendant que mes pieds tâtonnaient entre les cailloux les rigoles les racines et bouts de branches pour descendre Le chantonnement de la mer léchant les petits rochers de la colline au moment où elle s’abaissait peu à peu jusqu’à n’être plus que plage se mariait au bruissement des branches dans un reste de la brise du soir et ce fut soudain à un élargissement de l’espace entre les troncs une lueur La pinède s’éclaircissait comme pour mieux respirer l’odeur que la chaleur exaltait en se mourant et un peu à ma gauche j’aperçus une lumière étouffée par les entrelacs d’un bougainvilliers sur un mur La maison de mes amis et propriétaires perchée sur la restanque qui soutenait l’effondrement final du relief vers la plage marquait l’entrée dans la nuit par cette ampoule qui s’allumait au coin de la terrasse et le son de la trompette de Satchmo s’échappant par les portes fenêtres Des rires m’ont fait lever la tête constater qu’aucune silhouette n’était encore apparue en bordure de la terrasse presser pas pour ne pas être vue Dans la crainte de perturber leur soirée je me pressais en direction des marches descendant vers le bout de terrain sur lequel dormait leur dériveur Sous la voix d’Amstrong sur le bruit de mes pas et la chanson de la mer un petit jappement a précédé une dégringolade de graviers l’apparition du museau du ténérife galopant vers moi de toute la force de ses petites pattes de la petite boule de sa queue souriante et la voix d’homme autoritaire appelant « Gredin ».
8 commentaires à propos de “#anthologie #11 | le chiot”
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Lu sans regarder l’autrice ni avoir lu les directives ou regarder la vidéo et là ? Votre nom ! Emportée par la vivacité et la logique du chemin par le texte et la langue et non le regard ou le corps ou un effet de narratrice observatrice, un débaroulé de fiction, magnifique et vivant, on continue
si grand merci Catherine… on contnue ? on verra et n’arriverai jamais à rattraper mon retard dans la lecture de la masse des contributions et plus encore dans d’éventuels commentaires avec l’indocilité de mes mains (et souvent de mon esprit)
Quel clébard !!
la trompette de Satchmo, ça donne tout de suite l’ambiance 😉
je date (même si on est dans la fiction) 🙂
nul chien n’est plus cabot que les petits chiens pour dadame
Sentir les aiguilles de pins, entendre, voir, être là. Trop forte Brigitte. Merci.
merci Ugo (mais suis de moins en moins là chez vous tous shame