Je n’aime pas conduire la nuit J’en parlais encore au diner Avant de partir Les phares d’un camion rouge s’approchent de plus en plus pour coller au pare-brise Décélérer Deux phares blancs dans le rétroviseur gauche injonction à rester sur ma ligne à m’approcher des phares rouges Jusqu’à ne plus avoir de vitesse À se dégonfler. La sortie n’est plus très loin. Doubler le camion serait la rater S’incliner Sur son siège dans le noir devant plus gros que soi Les lignes blanches de chaque côté entrent sous le capot Au fond de la rétine même Regarder dans le noir à gauche pour rétablir le champ de vision Tensions d’éveil forcé Épilepsie Se redresser sur son siège plus que quelques kilomètres à parcourir soit une vingtaine de minutes La voix de Waze dans l’habitacle caisse de résonance entre deux analyses politiques sur France Info Le clignotant et ralentir brusquement L’atterrissage d’un avion de cent vingt kilomètres heure à trente sur une si courte distance et les arbres à droite qui clignotent Du sombre et du orange Tempo Battements du cœur ralentissent Le noir s’épaissit plus personne pour s’éclairer Plus personne pour repère Juste le bas-côté creux devant l’aplat noir des champs Horizontales se redressent et deviennent des murs d’enceinte Des murailles de nuit Au milieu une route et sa ligne blanche le véhicule à sa droite Plein Phare Des insectes Des spectres Des chats aux yeux luisant se retournent et s’enfoncent dans la muraille Dans quelques anfractuosités passagères Dans la nuit la ligne blanche d’un stop À droite et à gauche un vide sidéral.
2 commentaires à propos de “#anthologie #11 | De nuit”
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Sensation de cauchemard éveillé, kinesthésie hallucinée, dans une fuite en avant sans issue. Merci.
..peur de la suite, induite mais non dite…il y a des trous noirs chargés de vide. merci pour le mystère à peine voilé. Donc subtil.